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Le groupe Yves Rocher n’arrive pas à se débarrasser de l’affaire Navalny

Sur la place Rouge, à Moscou, mardi 2 février, jour de la condamnation de l’opposant Alexeï Navalny, condamné pour avoir violé son contrôle judiciaire dans l’affaire Yves Rocher. Sur la place Rouge, à Moscou, mardi 2 février, jour de la condamnation de l’opposant Alexeï Navalny, condamné pour avoir violé son contrôle judiciaire dans l’affaire Yves Rocher.

L’embarras d’Yves Rocher est palpable. Bien que le groupe français de cosmétiques juge « le dossier clos », l’affaire Navalny ne cesse de lui coller aux semelles. A tel point que, le 22 janvier, le groupe a fait une entorse à son habituelle discrétion pour « expliquer la situation » et procéder à « un rappel des faits » dans un communiqué publié en russe et en français. Cela n’a pas suffi pour calmer la colère des partisans d’Alexeï Navalny. Sur les réseaux sociaux, dont Facebook et Twitter, les internautes appellent depuis au boycottage des produits de la marque présente en Russie depuis 1991 et pointent « sa mauvaise foi ».

L’affaire remonte à novembre 2012. La filiale russe d’Yves Rocher dépose une plainte devant la justice russe pour « suspicions d’escroquerie », quatre ans après la signature d’un contrat avec la société de transports Glavpodpiska, dont Alexeï et Oleg Navalny sont actionnaires. Les deux frères sont déjà dans le collimateur des autorités russes. Les dirigeants de la filiale russe d’Yves Rocher le savent, mais auraient cédé à la pression des enquêteurs afin qu’ils portent plainte. C’est du moins ce que pensent nombre d’observateurs, et parmi eux Sergueï Gouriev, économiste russe réfugié à Paris. « Je ne sais pas précisément quels moyens de pression les enquêteurs ont utilisé, mais il était important pour eux qu’une société étrangère soit impliquée. Cela donnait au dossier une apparence de solidité », avait alors expliqué ce dernier dans Le Monde, le 29 décembre 2014.

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Toutefois, en novembre 2014, le groupe Yves Rocher fait machine arrière et reconnaît n’avoir subi « aucun dommage ». Mais, en dépit de cette volte-face, la machine judiciaire russe se met en route. Et la procédure débouche sur la condamnation des deux frères Navalny pour détournement de fonds, escroquerie et blanchiment, d’un montant de 26 millions de roubles (370 000 euros) au détriment de la marque française.

« Entreprise totalement apolitique »

Le 30 décembre 2014, Oleg Navalny est condamné à trois ans et demi d’emprisonnement ferme. Son frère, Alexei, lui, se voit infliger la même peine, mais avec sursis. Ce premier jugement a été « confirmé ensuite par la cour d’appel de Moscou en 2015, puis par la Cour suprême de Russie en 2018 », précise le groupe Yves Rocher, en omettant de mentionner qu’en 2017, la Cour européenne des droits de l’homme avait estimé que les frères Navalny avaient été privés de leur droit à un procès équitable, et dénoncé des décisions de justice « arbitraires et manifestement déraisonnables ».

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