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L’Europe et l’Afrique veulent croire à un partenariat renouvelé

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La présidente de la Commisssion européenne Ursula von der Leyen, le président du Sénégal Macky Sall, le président du Conseil européen Charles Michel, le président français Emmanuel Macron et le président de la Commission de l’Union africaine Mahamat Moussa Faki, donnent une conférence de presse conjointe lors du sommet UE-UA à Bruxelles, le 18 février 2022. JOHN THYS / AFP

Le sixième sommet réunissant l’Union européenne (UE) et l’Union africaine (UA) s’est conclu vendredi 18 février dans un climat apparemment consensuel, symbolisé par l’adoption, à l’unanimité des applaudissements, d’une déclaration politique finale, saluant la naissance d’un « partenariat renouvelé pour la solidarité » entre les deux continents. La déclaration est courte d’une poignée de pages mais riche de promesses dont il reste maintenant à assurer le suivi.

C’est ce dont ont convenu les participants, échaudés par le souvenir du précédent sommet UE-UA d’Abidjan de 2017, marqué surtout par une litanie de discours. Et, au final, de promesses suspendues. Certes, la pandémie de Covid-19 est passée par là, laquelle a imposé d’autres priorités et recentré budgets et énergies. « Nous n’avons pas délivré cet agenda », a concédé le président Macron en référence aux engagements pris à Abidjan.

Une solidarité inégalée

Cette année, il fut donc convenu d’organiser les discussions en table ronde autour de thématiques clairement identifiées permettant de cadrer les débats (financement de la croissance, santé, transition énergétique, paix et sécurité, éducation, intégration économique, agriculture). « Nous avons aussi demandé à ce qu’il y ait un comité de suivi au sommet. Bruxelles a traîné les pieds, avant d’accepter au dernier moment », raconte un ministre ouest-africain. « Le diable qui fait dérailler les projets est dans les détails, ajoute-t-il, mais, cette fois-ci, on peut espérer que d’ici au prochain sommet, 30 % des promesses seront tenues ou en voie de l’être. » Ursula von der Leyen et Moussa Faki Mahamat, respectivement présidente et président des commissions européenne et africaine, ont d’ailleurs convenu de se retrouver au printemps pour faire un premier point sur l’avancement des projets.

Parmi eux, la lutte contre la pandémie de Covid-19 et la façon de surmonter les conséquences sanitaires, économiques et sociales de cette crise sont source d’inspiration pour jeter les bases de cette « nouvelle alliance afro-européenne ». L’UE a en effet fait preuve d’une solidarité inégalée envers un continent globalement démuni. D’ici à l’été, les Vingt-Sept auront livré à l’Afrique environ 450 millions de doses de vaccins anti-Covid. En outre, « l’équipe Europe mobilisera 425 millions d’euros pour accélérer le rythme de la vaccination [seulement 11 % des Africains sont vaccinés contre le Covid] et pour soutenir la distribution des doses et la formation d’équipes médicales », précise la déclaration finale du sommet. A ce chapitre toujours, il a été annoncé à Bruxelles que six pays africains – Afrique du Sud, Egypte, Kenya, Nigeria, Sénégal et Tunisie – ont été choisis par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) pour fabriquer leurs propres vaccins. La Commission européenne investira 40 millions d’euros dans ce programme pour aider au transfert technologique.

Toutefois, contrairement aux souhaits du président sud-africain, Cyril Ramaphosa, considérant les vaccins comme des « biens publics », il n’est pas encore question de lever les brevets des laboratoires pharmaceutiques occidentaux pour les fournir à leurs homologues africains. Européens et Africains espèrent trouver « un compromis dynamique d’ici au printemps », selon les mots de Macky Sall (chef de l’Etat sénégalais et président en exercice de l’Union africaine). L’accord doit passer par l’Organisation mondiale du commerce (OMC) sur cette question relevant de la propriété intellectuelle. Sans minimiser l’ampleur du sujet, un diplomate français notait qu’il s’agissait là « d’un des rares points de divergence entre Européens et Africains à l’issue de ce sommet ».

Des questions sur le financement

Une autre question majeure reste pourtant en suspens. Elle concerne la réallocation vers des pays africains d’une partie des quelque 650 milliards de dollars (574 milliards d’euros) de droits de tirage spéciaux (DTS) émis par le Fonds monétaire international (FMI) pour atténuer au niveau mondial les effets de la crise sanitaire. Ces actifs monétaires sont initialement répartis entre tous les Etats membres du FMI au prorata de leurs richesses nationales. La proposition d’un certain nombre de pays européens – France en tête – de s’en dessaisir au profit d’économies démunies, démarche jugée généreuse par ses récipiendaires potentiels, se heurte cependant à des problèmes techniques. « Un travail remarquable a été accompli, y compris durant ce sommet, pour que cette offre devienne une réalité », a reconnu Macky Sall, espérant une issue favorable et rapide.

La déclaration finale dresse les grandes lignes du « paquet d’investissements Afrique-Europe d’au moins 150 milliards d’euros (…), portant sur les investissements, la santé et l’éducation ». Ce vaste plan de développement projeté jusqu’en 2027 soulève toutefois quelques questions, y compris à Bruxelles. « Je ne sais pas d’où sortent ces chiffres dévoilés par Mme von der Leyen », s’énerve un diplomate européen originaire d’un pays du Nord. « Pour l’heure, dit-il, nous avons dressé un inventaire des projets africains qu’il pourrait être intéressant d’aider mais, à ce stade, cela ne veut pas dire que nous participerons à tous ces projets. Ils ne sont pas encore matures et les discussions ne sont pas assez avancées. » Un comité de suivi ne sera donc pas de trop.

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