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Les ONG critiquent la stratégie de l’aide internationale en Afghanistan

Préparatifs avant la distribution d’aide humanitaire à Kaboul, le 16 février 2022. HUSSEIN MALLA / AP

La décision, le vendredi 11 février, du président américain, Joe Biden, de saisir les actifs de la banque centrale afghane, déposés aux Etats-Unis et gelés depuis le retour au pouvoir des talibans, en août 2021, n’a pas suscité que l’ire du régime islamiste. Les ONG internationales et certains cadres de l’ONU expriment, depuis, leur vive inquiétude face à une initiative qui soulève, selon eux, de « lourdes questions juridiques », met les humanitaires « en grave danger » et hypothèque les chances de sortir le pays d’une grave crise économique. Plus largement, c’est l’attitude de la communauté internationale vis-à-vis de l’Afghanistan qui fait l’objet de critiques.

M. Biden a prévu de consacrer la moitié des sept milliards de dollars bloqués dans les caisses de banques américaines à l’indemnisation des familles de victimes des attentats du 11 septembre 2001, aux Etats-Unis. Il prévoit que l’autre moitié soit réservée à l’aide humanitaire en faveur de l’Afghanistan sans que ces fonds puissent tomber entre les mains des dirigeants talibans. Le président américain s’appuie, pour ce faire, sur les « pouvoirs économiques extraordinaires » que lui confère une loi de 1977 et entend faire transférer cet argent sur un compte bloqué de la Réserve fédérale de New York.

« Complices d’un vol »

Joint à Kaboul, le patron de Médecins sans frontières (MSF) pour l’Afghanistan ne décolère pas depuis cette annonce qu’il qualifie d’« inique, juridiquement faible et inopérante ». Filipe Ribeiro estime qu’elle « rend les ONG potentiellement coupables de recel de vol » puisque ces réserves appartiennent à l’Afghanistan. « Sur le plan légal et sur sa faisabilité, rien ne dit que les Etats-Unis pourront mener à bien ce projet », car, selon lui, agir ainsi, c’est risquer de faire sombrer le pays dans le chaos. « Les réserves d’une banque centrale servent à soutenir la monnaie, l’économie et le système bancaire, l’en priver, alors que l’Afghanistan souffre déjà d’une grave crise de liquidités, c’est le faire chuter. »

Le directeur général d’Action contre la faim, Jean-François Riffaud, de passage à Kaboul, assure, lui, que son organisation « ne financera jamais [ses] opérations sur la base de cette manne, car c’est [les] mettre en situation extrêmement dangereuse vis-à-vis des autorités talibanes et des Afghans eux-mêmes qui pourront [les] considérer, à juste titre, comme complices d’un vol ». Des ONG féministes, pourtant, hostiles au régime des islamistes afghans, ajoute-t-il, ont manifesté contre l’initiative américaine, considérant que cela desservait avant tout les intérêts du peuple afghan.

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