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Crise en Ukraine : la communication de crise américaine, une arme à double tranchant

Les aviateurs et civils du 436th Aerial Port Squadron organisent des munitions, des armes et d’autres équipements à destination de l’Ukraine lors d’une mission militaire à l’étranger à la base aérienne de Dover, dans le Delaware, le 21 janvier 2022. Photo fournie par  l’US Air Force. HANDOUT / AFP

Les citoyens américains résidant ou voyageant en Ukraine ont reçu un message de la Maison Blanche, lundi 24 janvier. « Il est temps de partir », a dit la porte-parole, Jen Psaki. Refusant tout parallèle avec l’Afghanistan et le retrait désastreux d’août 2021, l’administration Biden évoque des mesures classiques de précaution. Pourtant, la décision d’évacuer les familles des employés de l’ambassade américaine à Kiev a été accueillie avec incrédulité, surtout par les autorités locales. A quel moment la réactivité devient-elle fébrilité ? Depuis le début du mois de novembre 2021, les Etats-Unis ont parfois paru flotter face à la menace militaire russe contre l’Ukraine. En revanche, du point de vue de la communication de crise, Washington n’a pas dévié de sa ligne : une dramatisation censée illustrer sa vigilance, mais trahissant surtout les limites de son engagement.

Depuis deux mois, la Maison Blanche et le département d’Etat ont multiplié les contacts avec la presse. Les plus hauts diplomates et conseillers ont expliqué les positions officielles, alerté sur les manœuvres russes, vanté la coordination avec les alliés. Lorsque la chaîne NBC a annoncé, le 8 janvier, que Washington envisageait une réduction de la présence militaire en Europe, la réaction a été fulgurante pour démentir. La volonté de ne pas subir les initiatives de Moscou constitue une rupture avec 2014, une période que beaucoup de hauts responsables américains ont connue dans l’administration Obama. A l’époque, l’OTAN avait été débordée par les opérations russes en Crimée, puis dans le Donbass. Cette fois, Washington semble réécrire l’adage : « Si tu veux la paix, annonce la guerre ».

« Il ne s’agit pas de prophétie »

En plaçant en alerte 8 500 soldats, prêts à être déployés si la Force de réaction de l’OTAN était activée, l’administration Biden évite de réduire sa position à une promotion de sanctions économiques, en cas d’opération russe. Cet affichage alimente pourtant les interrogations sur un effet pervers possible : la prophétie autoréalisatrice. A force de crier au loup, n’encourage-t-on pas son appétit et sa venue ? « Il ne s’agit pas de prophétie, a rétorqué, lundi 24 janvier, l’ambassadrice américaine auprès de l’ONU, Linda Thomas-Greenfield, au cours d’un briefing pour la presse étrangère. Nous voyons une accumulation de 127 000 soldats le long de la frontière. Nous avons vu que les Russes ont déployé des troupes en Biélorussie. Ce n’est pas une prophétie, mais des faits. Et ces faits nous ont conduits à répondre. »

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