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Face à l’inflation, la stratégie de la Fed en question

COLCANOPA

La Réserve fédérale américaine (Fed) n’est plus votre amie : l’avertissement a été lancé en décembre 2021 par Jim Cramer, télévangéliste de Wall Street sur la chaîne CNBC qui prodigue ses conseils aux boursicoteurs. La banque centrale américaine avait tourné casaque quelques jours plus tôt, laissant entendre qu’elle augmenterait ses taux d’intérêt à trois reprises en 2022, éventuellement dès mars.

En cause, l’inflation, qui a atteint 7 % en décembre, son plus haut niveau depuis 1982, et dont le président de la Fed, Jerome Powell, a dû concéder qu’elle n’était pas provisoire. Augmenter les taux, c’est ralentir l’économie, en rendant son financement plus coûteux, en vue de freiner la hausse des prix. Les marchés financiers ont détesté l’aveu de M. Powell. A commencer par les valeurs technologiques, sensibles à une hausse potentielle du loyer de l’argent – les profits lointains, actualisés à un taux plus élevé, valent moins. Le Nasdaq a perdu 15 % depuis son record de la fin novembre 2021, tandis que l’indice S&P 500, lui, est en baisse de 8,7 % par rapport au plus haut du 4 janvier.

La Fed, qui se réunit mardi 25 et mercredi 26 janvier, va-t-elle retrouver la détermination de son ancien président Paul Volcker (1979-1987), nommé par Jimmy Carter et reconduit par Ronald Reagan, qui a terrassé l’inflation après les deux chocs pétroliers des années 1970 ? Nul ne croit que l’institut monétaire usera du remède de cheval de l’époque : il avait alors remonté ses taux de 11,2 % à 20 % entre 1979 et juin 1980, au prix de deux récessions et d’un chômage au-dessus de 10 %.

Les prévisions internes tablent sur des taux relevés à terme à 2,5 %, niveau très accommodant si on le compare à l’inflation. Dès lors, la banque est-elle sérieuse dans son souci de s’attaquer à la flambée des prix, comme le lui a demandé Joe Biden en renommant son président, le républicain modéré Jerome Powell, pour un second mandat débutant le 1er février ?

Objectif de plein-emploi

Il est loisible de s’interroger, car M. Biden a complètement remodelé le conseil des gouverneurs de l’institution, en nommant des personnalités de gauche, féminines et issues des minorités. Ces annonces ont pour objectif tactique de faire accepter à l’aile gauche du parti démocrate la reconduction de M. Powell, placé à la tête de l’institution par le républicain Donald Trump, en 2017. Leur arrivée changera sans doute la philosophie de la Fed. Mais à court terme, il convient d’examiner si la lutte contre l’inflation sera entravée par les objectifs multiples et contradictoires assignés à l’institut monétaire, et que ces nouvelles personnalités pourraient vouloir défendre.

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