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« Oui, la dissuasion nucléaire a encore un sens »

Tribune. Sur BFM-TV, le 25 novembre, M. Mélenchon s’est interrogé. La dissuasion nucléaire a-t-elle encore un sens, se demandait-il en direct, avant de récidiver deux jours plus tard avec un texte posté sur son site de campagne. A l’approche d’une élection présidentielle, il est normal, et même sain, que ceux qui briguent les suffrages s’interrogent sur les armées dont ils peuvent devenir le chef et en particulier sur la dissuasion, dont l’élection ferait d’eux le décideur ultime… et solitaire.

Rappelons à cette occasion que si l’on ramène le coût annuel de l’agrégat nucléaire, 3,5 milliards d’euros pour le budget de l’Etat (0,15 % du PIB environ), au nombre de notre population, le coût de la dissuasion est de cinq euros par mois et par Français.

Puisque M. Mélenchon, avec l’éloquence qui lui est coutumière, et qui fait de lui l’un des meilleurs orateurs parlementaires de la Ve République, s’étonne qu’« aucun autre candidat ni leur parti n’ait exprimé de point de vue sur le sujet », qu’il me soit permis de lui exprimer le mien, celui d’un collègue député de la majorité, qui certes n’a pas eu et n’a pas vocation à avoir le doigt posé sur le bouton nucléaire mais qui s’est attaché, ces derniers mois, à inlassablement rencontrer les hommes et les femmes qui servent sous les drapeaux.

La dissuasion c’est une capacité permanente

M. Mélenchon se veut tribun, je suis un pèlerin. Et c’est appuyé sur mon bâton que j’ai pu me forger quelques convictions, au détour des rencontres, des visites, des immersions. Qu’est-ce donc, au fond, que le sens de ce qu’on appelle la dissuasion ? La dissuasion, en France, c’est d’abord une capacité. Une capacité permanente, mise en œuvre par la marine nationale et l’armée de l’air, qui garantit, quoi qu’il arrive et quoi qu’il en coûte, qu’un éventuel ordre présidentiel de tir nucléaire serait exécuté.

C’est une capacité dimensionnante pour nos forces : en Bretagne, la base opérationnelle de l’île Longue, voulue par le général de Gaulle, abrite les quatre sous-marins lanceurs d’engins, les Triomphant, Téméraire, Vigilant et Terrible. Quatre géants dont la présence à la pointe de la Bretagne dimensionne le format de la force d’action navale à Brest : frégates et avisos, avions de patrouille maritime et hélicoptères, vedettes de gendarmerie maritime même, partagent comme mission principale l’escorte du Léviathan jusqu’à sa dilution.

Depuis la première prise d’alerte, celle du Redoutable de Louzeau, en 1972, il y a toujours au moins un sous-marin à la mer. Son équipage, composé d’hommes déterminés, et depuis peu de femmes tout aussi exceptionnelles, passe jusqu’à soixante-dix jours en mer. L’armée de l’air, au travers des forces aériennes stratégiques, exerce également cette mission permanente, avec des chasseurs Rafale et leur indispensable auxiliaire, le ravitailleur en vol. De jour comme de nuit, ils tiennent eux aussi l’alerte, sans discontinuer depuis 1964 et les temps héroïques des Mirage-IV.

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