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Hugo Besson, le rêve américain qui passe par l’Australie

Alors que la NBA est devenue un objectif plus qu’un rêve pour de nombreux jeunes basketteurs français, la plupart préfère s’y préparer en se frottant à ce qui se fait de mieux en Europe, à l’image du phénomène Victor Wembanyama. Mais cet été, ils sont trois français, déjà dans les radars de la Grande Ligue, à avoir fait le choix surprenant de partir à la conquête de l’Australie. A 20 ans, Hugo Besson est l’un d’eux et le pari pourrait bien s’avérer payant pour lui.

À vingt ans, Hugo Besson pourrait être un jeune basketteur comme tant d’autres. Mais cet été, le jeune arrière a surpris son monde en s’exilant en Nouvelle-Zélande, chez les Breakers, à Auckland. Pour devenir, le 23 septembre dernier, le premier joueur français à signer au sein de la méconnue, mais non moins relevée, National Basketball League, ligue fermée principalement basée en Australie. Depuis quelques années, la NBL est devenue une destination privilégiée des jeunes prospects (espoirs) en quête de visibilité avant la draft NBA. En 2019, à seulement dix-huit ans, LaMelo Ball avait ainsi débarqué chez les Illawara Hawks.

Le basket, une histoire de famille

Entre quarantaine obligatoire à son arrivée puis confinement de l’agglomération d’Auckland, Hugo Besson n’a que très peu goûté au pays du long nuage blanc. C’est à Melbourne que la franchise néo-zélandaise a élu domicile, au grand plaisir du jeune Français qui découvre l’île-continent. « Aujourd’hui, il faisait 35 degrés donc je suis allé à la plage. Pour un mois de décembre, c’est original. Je n’ai vraiment pas l’impression que Noël arrive, il fait chaud, le soleil se couche à 22h. C’est l’été! » Mais pour en arriver là, le chemin a été long.

Troisième génération d’une famille de basketteurs, Hugo Besson réalise ses premiers dribbles à Bandol dans le Var. S’en suit un tour de France. Vichy, Roanne puis Hyères-Toulon, il change de club au rythme des pérégrinations de son père Jean-Paul, devenu entraîneur après l’arrêt de sa carrière professionnelle. Après une saison au centre de formation d’Antibes, il rejoint en 2017 celui de Chalon-sur-Saône où il fera plus tard ses débuts professionnels dans le championnat de France. Mais malgré tout, l’expérience chalonnaise a comme un goût amer. « Quand j’étais à Chalon, on me voyait comme un joueur incapable de jouer en Pro A donc je me disais que j’étais un joueur de Pro B mais quand on ne te donne pas la possibilité de faire quelque chose, c’est forcément compliqué, relate-t-il. J’ai voulu montrer qu’ils avaient tort ».

À Saint-Quentin, la NBA devient un objectif

À l’été 2020, Hugo Besson pose ses valises à Saint-Quentin, en Pro B. Au départ, le coach du club picard Julien Mahé n’espérait pas voir débarquer celui qui sera le meilleur joueur de son équipe: « On ne s’attendait absolument pas qu’il fasse une telle saison. On voulait le développer pour qu’il soit un bon arrière et meneur de jeu. Qu’il mette des points, je m’y attendais parce qu’il a un bras extraordinaire. Ce qui m’a surpris, c’est sa constance alors qu’il était ciblé par les défenses ». En vingt-sept matchs de Pro B, Hugo Besson tourne à 19,3 points par match et passe la barre des 20 pions à treize reprises. « Parfois dans un match, il va ‘cliquer’, mettre un ou deux tirs et là, ça peut partir à un niveau extraordinaire, explique Julien Mahé. Et quand il clique, c’est fabuleux. Il n’a pas de range, il a une confiance en lui inestimable ». « Ça m’a redonné goût au basket, complète le jeune joueur. Cette année-là, j’ai vraiment kiffé jouer au basket et ça faisait un moment que j’avais perdu ça. Je prenais du plaisir aux entrainements et aux matchs ».

Meilleur marqueur de Pro B, désigné meilleur jeune de la saison et deuxième dans la course au trophée de MVP (derrière son coéquipier Parker Jackson-Cartwright), les sollicitations arrivent. Mais désormais, Hugo Besson a un objectif: la NBA. « Il y a eu la révélation que la NBA pourrait être possible et ça, c’est arrivé en cours de saison, se souvient-il. Les deux tiers des franchises m’ont appelé et plusieurs scouts se sont déplacés à Saint-Quentin ». Sollicité par l’ASVEL de Tony Parker, mais aussi par Monaco et le club espagnol de Baskonia, où il aurait pu jouer en Euroleague, le choix de partir à l’autre bout du monde se fait vite. « Les Breakers m’ont appelé avant que la saison se termine et j’ai eu un super feeling avec le coach et le président (Matt Walsh, ancien joueur de l’ASVEL). Il y a aussi ce côté aventure que t’offre le basket. Je ne pense pas que je serais venu à Melbourne sans le basket ». Une décision qui en a surpris plus d’un, à commencer par son mentor Julien Mahé: « Je trouve ça beau, il a vingt ans et il décide de partir à l’autre bout du monde alors que c’est un garçon très attaché à sa famille. Il a surpris beaucoup de gens mais quand on y réfléchit cinq minutes, ce n’est pas si surprenant que ça ». Le voilà parti un pour un périple de quarante-huit heures de Paris à Auckland en passant par Hong-Kong.

L’Australie déjà en passe d’être conquise

Les premiers pas en Australie du jeune garçon se passent à merveille. Pourtant touché par le Covid avant le lancement de la saison, il se classe déjà au sixième rang du classement des marqueurs avec plus de 20 points par match. Il faut dire que le coach des Breakers, l’Israélien Dan Shamir, n’a pas hésité à le responsabiliser en l’absence des deux meneurs américains de l’équipe … et à le comparer à Vasilis Spanoulis et Nando de Colo, deux monuments du basket européen. « Je suis heureux qu’Hugo ait montré aujourd’hui ce dont il est capable », appuyait même Dan Shamir en conférence de presse après les 26 points de son Français face aux South East Melbourne Phoenix le 10 décembre.

« Il a sorti les pistolets! », s’exclamait le commentateur de la télévision australienne alors que le Français joignait ses deux mains pour réaliser le signe de Jul après un nouveau panier longue distance. Force est de constater que le rappeur marseillais n’a pas encore atteint l’Australie. « J’ai fait les célébrations contre Melbourne et ça a fait pas mal de buzz, rigole-t-il au bout du téléphone. Mes coéquipiers ne comprenaient pas ce que c’était alors je leur ai expliqué ». L’artiste a en tout cas relayé la séquence sur les réseaux sociaux.

Mais quand les jeunes joueurs de son âge ont le regard tourné vers l’autre côté de l’Atlantique, le sien se dirige plutôt de l’autre côté du Pacifique. Lancé dans un marathon de vingt-et-un matchs avec les Breakers en NBL, Hugo Besson va devoir confirmer les promesses déjà vues depuis plus d’un an maintenant pour espérer être sélectionné lors de la prochaine draft NBA. « Il a les attributs pour aller vers le très haut niveau », confirme Julien Mahé.

Besson à l’autre bout du monde, mais pas seul
Hugo Besson n’est pas l’unique Français parti à la conquête de l’Australie cette année pour préparer la draft NBA. Chez les Breakers, il est accompagné par Ousmane Dieng (dix-huit ans). Sorti du centre fédéral, le centre de formation de la Fédération française, il a choisi de lancer sa carrière professionnelle en NBL. « Au quotidien, c’est cool d’avoir un gars avec qui tu parles français, se réjouit Besson. On est souvent ensemble, on parle beaucoup. On est des bons potes ». À 20 ans, Tom Digbeu a lui aussi fait le grand saut en rejoignant les Brisbane Bullets. Fils de l’ancien international Alain Digbeu, il a débuté sa carrière chez les jeunes du FC Barcelone avant de se diriger vers la Lituanie où il évoluait la saison passée dans le club de Prienai en première division. Contrairement à Hugo Besson, ces deux autres joueurs ont rejoint la NBL via son programme « Next Stars » qui vise à permettre à de jeunes joueurs éligibles au championnat universitaire américain de se mesurer au niveau professionnel. LaMelo Ball (Charlotte Hornets), R.J. Hampton (Orlando Magic) ou Josh Giddey (Oklahoma City Thunder) sont les derniers exemples de joueurs à avoir bénéficié de ce programme lancé en 2018.

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