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Avortement en Pologne : manifestation à Varsovie après la mort d’une femme enceinte

Des milliers de manifestants se sont rendus du siège du Tribunal contitutionnel au ministère de la santé, dans les rues de Varsovie, le 6 novembre 2021. DAWID ZUCHOWICZ / AGENCJA WYBORCZA.PL VIA REUTERS

Les médecins de l’hôpital de Pszczyna, en Silésie, ont déclaré qu’ils avaient fait tout ce qu’ils avaient pu pour la sauver. Des dizaines de milliers des personnes ont manifesté, samedi 6 novembre, dans toute la Pologne, choquées après la mort d’Izabela, en septembre, victime, selon les ONG de défense des droits des femmes, d’une législation en vigueur depuis le début de l’année qui interdit pratiquement tout avortement.

« Pas une de plus ! », ont scandé les milliers de manifestants à Varsovie qui se sont réunis devant le siège du Tribunal constitutionnel, tenant une photo d’Izabela, avant de se rendre devant le ministère de la santé. Des manifestations semblables se sont déroulées dans quelque 70 autres villes polonaises.

Une manifestante avec le portrait d’Izabela, dans les rues de Bialystok, dans le nord-est de la Pologne, le 6 novembre 2021. AGNIESZKA SADOWSKA / AGENCJA WYBORCZA.PL VIA REUTERS

Enceinte de vingt-deux semaines, la jeune femme s’était rendue à l’hôpital après la rupture de la poche des eaux, a raconté sa famille. Des échographies avaient auparavant mis au jour des malformations du fœtus. Les médecins ont alors refusé de pratiquer une interruption volontaire de grossesse (IVG). Ce n’est qu’à la mort du fœtus, constatée par échographie, qu’ils ont décidé de procéder à une césarienne. Selon l’avocate de la famille, Jolanta Budzowska, Izabela a succombé à un choc septique alors qu’on l’emmenait vers la salle d’opération. « Les médecins ont attendu la mort du fœtus. Le fœtus est mort, la patiente est morte. Choc septique », a écrit l’avocate, le 29 octobre, sur Twitter.

Selon elle, Izabela est la première femme à avoir perdu la vie suite à la décision du Tribunal constitutionnel d’octobre 2020 entrée en vigueur fin janvier. Après la publication de son tweet, des rassemblements ont eu lieu, notamment à Varsovie et Cracovie.

Konsekwencje wyroku TK z 20.10.2020 r., sygn. K 1/20 w praktyce. Pacjentka 22 tydz., bezwodzie. Lekarze czekali na… https://t.co/B2YfwoyvJo

— JolBudzowska (@Jolanta Budzowska)

Le droit à l’IVG restreint

Le Tribunal constitutionnel, soutenu par le gouvernement nationaliste dirigé par le parti Droit et justice, a proscrit l’interruption volontaire de grossesse en cas de malformation grave du fœtus, ce qui a abouti à l’interdiction de toute IVG sauf en cas de viol ou d’inceste ou lorsque la vie de la mère est en danger.

Selon une déclaration de sa famille, les médecins de l’hôpital de Pszczyna « ont adopté une attitude attentiste », ce qu’Izabela a interprété comme une volonté de ces derniers de ne pas avoir à procéder à un avortement. Toute personne, y compris les médecins aidant à pratiquer une IVG, est passible d’une peine de prison de trois ans.

« L’enfant pèse 485 grammes. Pour l’instant, grâce à la loi sur l’avortement, je dois rester couchée. Et il n’y a rien qu’ils puissent faire. Ils attendront qu’il meure ou jusqu’à ce que quelque chose commence et, sinon, je peux, génial, m’attendre à une septicémie », a écrit Izabela à sa mère dans un de ses SMS rendus publics. « Ma fièvre monte. J’espère que je n’aurai pas de septicémie sinon je ne m’en sortirai pas », a-t-elle encore écrit, « C’est l’horreur, ma vie est en danger. Et je dois attendre ». Mariée depuis dix ans, Izabela avait une fille de 9 ans.

Le gouvernement rejette ces accusations, affirmant que la mort d’Izabela résulte d’une erreur médicale. Le ministre de la santé, Adam Niedzielski, a demandé à l’Autorité nationale de gynécologie et d’obstétrique de formuler des règles de conduite stipulant sans ambiguïté qu’une IVG est autorisée dans les cas où une femme enceinte se trouve en danger de mort

Deux médecins de l’hôpital de Pszczyna ont été suspendus de leurs fonctions après sa mort et le parquet local a ouvert une enquête. Selon les organisations de défense des droits des femmes, plusieurs milliers des Polonaises ont demandé leur aide dans le but de procéder à un avortement, principalement à l’étranger.

Le Monde avec AP, AFP et Reuters

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