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La vente de plaques pour tatouer les détenus à Auschwitz bloquée par la justice israélienne

Dans le catalogue de la maison de vente Tzolman, à Jérusalem, ce lot de tatouage est décrit comme « un objet de musée choquant et extrêmement rare d’une importance historique sans précédent ». RONEN ZVULUN / REUTERS

La justice israélienne a bloqué, mercredi 3 novembre, la vente aux enchères de plaques métalliques à aiguilles utilisées par les nazis pour tatouer les détenus dans le camp de concentration d’Auschwitz, en Pologne, où un million de juifs européens, et des dizaines de milliers d’autres prisonniers, ont été tués pendant la seconde guerre mondiale, entre 1940 et 1945. Des associations d’aide aux survivants de la Shoah avaient interpellé le ministère de la justice pour arrêter cette vente, prévue le 9 novembre, qui a suscité l’indignation en Israël.

Le lot mis aux enchères se compose de huit tampons numérotés et d’un livret d’instructions de la société allemande Aesculap. Dans le catalogue de la maison de vente Tzolman, située à Jérusalem, il est décrit comme « un objet de musée choquant et extrêmement rare d’une importance historique sans précédent ». Le propriétaire de l’hôtel des ventes, Meir Tzolman, a déclaré « avoir reçu l’ensemble des objets d’un particulier aux Etats-Unis qui les avaient obtenus du camp de concentration », rapporte The Jerusalem Post.

Le prix du lot d’articles est estimé entre 30 000 et 40 000 dollars (soit près de 26 000 et 34 600 euros) par Tzolman. L’enchère la plus élevée était de 1 810 dollars (1 565 euros), le mardi, a indiqué le journal The Times of Israel. Le tribunal a ordonné une « injonction temporaire » bloquant la vente, mercredi, et a fixé au 16 novembre la tenue d’une « audience urgente » sur le sujet.

Mettre fin à « une vente ignoble »

Le rabbin Menachem Margolin, président de l’Association juive européenne, cité par le média Hamodia, a écrit une lettre au ministre de la justice israélien, Gideon Saar. Il a appelé le législateur à mettre fin à cette « vente ignoble ». Un regroupement d’organisations israéliennes d’aide aux rescapés de l’Holocauste a aussi saisi le tribunal de district de Tel-Aviv pour empêcher la tenue de la vente.

« De tels objets diaboliques ne peuvent pas avoir de propriétaires », estime l’avocat David Fohrer

Selon Colette Avital, présidente du regroupement, la place de ces plaques doit être dans un musée. « Ces objets ne devraient pas être vendus et achetés et ne devraient certainement pas être une propriété privée », a-t-elle déclaré à l’Agence France-Presse (AFP). Ils « étaient utilisés pour des crimes particulièrement cruels », pour « transformer des êtres humains en numéros », a-t-elle ajouté. « De tels objets diaboliques ne peuvent pas avoir de propriétaires, a estimé de son côté l’avocat David Fohrer. Leur vente est illégale et porte atteinte à la moralité publique. »

Le droit israélien en vigueur n’interdit pas la vente d’objets nazis, selon Dani Dayan, président de Yad Vashem, le mémorial israélien de la Shoah à Jérusalem. « La solution réside peut-être dans la législation », estime-t-il dans le Times of Israel, rappelant que le mémorial n’achète pas d’objets aux enchères, parce qu’il ne souhaite pas encourager « les offres de commerçants avides ».

Meir Tzolman n’a pas souhaité répondre aux questions de l’AFP depuis le blocage de la vente. Mardi, il avait déclaré qu’il n’y avait aucune raison d’annuler la vente, raconte The Jerusalem Post. « Je suis le dernier à sous-estimer ou à diminuer la valeur de l’Holocauste. Je veux m’assurer que l’article tombe entre de bonnes mains et ne disparaisse pas des pages de l’histoire », s’était-il justifié au micro de Galeï Tsahal, la radio de l’armée israélienne, relate The Times of Israel.

Face à cette vente qui lui paraissait « moralement inacceptable », le mémorial de Yad Vashem a estimé que les objets devaient lui être remis.

Le Monde avec AFP

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