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Migrants : à Calais, Etat et associations s’opposent sur la question des campements

Deux militants et un prêtre font la grève de la faim depuis le 11 octobre 2021. Ici, à l’église Saint-Pierre, à Calais, le 14 octobre 2021. DENIS CHARLET / AFP

Rien ne semble pouvoir se dresser contre le désir d’Angleterre. Mardi 2 novembre, d’après nos informations, plus de 800 personnes ont traversé la Manche depuis le littoral français à bord de petites embarcations. Un chiffre record qui démontre à quel point ni le froid ni les conditions de vie dans les campements des Hauts-de-France ne dissuadent les migrants de vouloir rejoindre le Royaume-Uni par un moyen éminemment périlleux. Depuis le début de l’année, ce sont autour de 20 000 personnes qui ont réussi cette traversée. Et près de 6 000 qui ont dû être secourues parce qu’elles se trouvaient en détresse en mer.

Mardi soir, tandis que des opérations de secours étaient toujours en cours dans le détroit, la grève de la faim entamée le 11 octobre par l’aumônier du Secours catholique à Calais (Pas-de-Calais) et deux militants – qui dénoncent les démantèlements de campements de migrants – se poursuivait, à l’église Saint-Pierre de la ville. « Ils commencent à être fatigués mais restent déterminés », assure Clara Houin, du réseau d’association Plateforme des soutiens aux migrants.

Un peu plus tôt dans la journée, une nouvelle tentative de médiation conduite auprès d’eux et des associations qui les soutiennent par Didier Leschi, directeur de l’Office français de l’immigration et de l’intégration (OFII), s’était soldée par un échec. Mandaté par le ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin, il veut croire que « le dialogue continue ». « Le point final de divergence, c’est la question des campements, rapporte M. Leschi. Les associations disent qu’il faut laisser les gens sur place pendant la trêve hivernale. C’est ça le point dur. »

Une politique « attentatoire à la dignité humaine »

Depuis le démantèlement, en octobre 2016, du bidonville de Calais, dans lequel se sont trouvées jusqu’à 10 000 personnes, les autorités veulent empêcher que la ville ne redevienne un « point de fixation » et, pour ce faire, expulsent continuellement les lieux de vie informels qui s’y organisent. Selon des estimations fluctuantes et divergentes, il y aurait aujourd’hui entre 550 et 1 500 personnes éparpillées en différents endroits de Calais et des communes alentours, dans l’attente d’un passage outre-Manche. En février, la Commission nationale consultative des droits de l’homme (CNCDH) rapportait qu’il y avait eu en 2020 plus de 1 000 démantèlements d’abris, une politique qu’elle jugeait « attentatoire à la dignité humaine ».

Les grévistes de la faim réclament la suspension de ces évictions pendant la trêve hivernale. Face à cela, l’Etat a avancé plusieurs propositions, telles que prévenir les personnes en amont des évacuations, leur laisser un temps pour récupérer leurs affaires ou encore leur proposer systématiquement un lieu d’hébergement, mais en dehors de Calais. En vain. En attendant qu’une issue se dessine, Didier Leschi annonce qu’il va d’ores et déjà « mettre en œuvre [ses] préconisations ».

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