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Grodno, dernière étape biélorusse des migrants avant la Pologne

INFOGRAPHIE LE MONDE

Assis sur les bancs d’une cour d’immeuble ombragée, à l’abri des grandes artères commerçantes de Grodno, des groupes de migrants fixent leurs téléphones portables en attendant le signal d’un départ. A l’écart, cinq hommes, compagnons de route depuis quelques jours, disent être originaires de Rakka et de Deraa, en Syrie. L’un d’eux parle quelques mots d’anglais et explique avoir entendu parler de la Biélorussie « sur les réseaux sociaux ». Khaldoun, comme il dit s’appeler, raconte avoir pris un avion depuis Beyrouth fin septembre avant d’arriver à Minsk, la capitale biélorusse, où il a reçu un visa touristique l’autorisant à séjourner trente jours dans le pays. A peine arrivé, il a pris la route vers Grodno, toujours guidé par Telegram ou Snapchat.

Grodno, c’est une paisible ville de 350 000 habitants traversée par le Niémen, moins oppressante, moins défigurée par l’omniprésence du drapeau national rouge et vert qu’impose à chaque coin de rue de Minsk le régime d’Alexandre Loukachenko. Mais depuis quelques mois, la cité biélorusse s’est surtout fait connaître comme la dernière étape à atteindre, le dernier obstacle à franchir avant de fouler le sol de la Pologne, située à moins de 15 kilomètres. Khaldoun cherche un point de passage pour rejoindre son objectif, l’Union européenne. S’il n’y parvient pas, « ce sera la Lituanie », explique cet homme sec de 50 ans. « Nous ne rentrerons pas en Syrie. Là-bas, c’est la guerre. »

Lui et les autres, Syriens, Irakiens ou Yéménites, viennent tenter leur chance sur cette nouvelle route migratoire, ouverte avec la bénédiction, sinon la complicité, des autorités. Un journaliste local, qui souhaite garder l’anonymat, les désigne comme « des otages du régime, car Loukachenko veut mettre la pression sur les Européens ». Le dirigeant biélorusse, explique-t-il en substance, a orchestré une vaste campagne touristique pour attirer des migrants du Moyen-Orient ou d’Afrique, et provoquer une crise migratoire afin de se venger des sanctions économiques imposées par l’Union européenne.

Des centaines de tentatives

A Grodno – dont l’aéroport vient de se voir gratifier par les autorités biélorusses du statut « international » – c’est un sujet dont on discute discrètement tant il est sensible. Plus d’un an après les grandes manifestations dans le pays contre le président frauduleusement réélu pour un sixième mandat en août 2020, la répression contre les voix critiques reste féroce. Or, ici, la communauté d’origine polonaise qui représente 20 % de la population est particulièrement dans le viseur du régime du fait de ses liens avec Varsovie. Le poids de cette diaspora se lit dans le nombre élevé d’églises catholiques de la ville dont l’architecture très « vieille Europe » se distingue de celle de la capitale biélorusse aux allures de vitrine soviétique.

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