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Les diasporas, l’autre ambition de la politique africaine d’Emmanuel Macron

Analyse. A l’Elysée, à plusieurs reprises, comme lors du sommet Afrique-France de Montpellier, Emmanuel Macron a dit et répété que la diaspora était « une chance ». Une chance « pour ce qu’on a à faire en France et pour nous aider à réussir cette aventure avec l’Afrique », a-t-il déclaré le 8 octobre. « Le président considère cette diaspora comme un atout », tient à préciser un de ses conseillers.

A moins de six mois de l’élection présidentielle, cet « atout » n’est pas subitement courtisé pour contrer l’extrême droite – et Eric Zemmour – ou glaner des voix au prochain scrutin, même si des arrière-pensées électorales ne sont probablement pas absentes. En réalité, depuis qu’il est à l’Elysée, M. Macron a voulu mettre la diaspora au service de sa diplomatie et en faire un pont pour rejoindre l’autre rive de la Méditerranée. L’image de la France étant particulièrement dégradée dans cette partie du monde, le président a cherché à parler à l’Afrique autrement. Il lui fallait renouveler – et transformer – les regards en trouvant d’autres interlocuteurs.

« C’était l’angle mort de notre politique », reconnaît un conseiller de l’Elysée. Alors que la France perd de l’influence face à la présence accrue de la Chine, de la Turquie et de la Russie sur le continent. « Nous avons un avantage comparatif par rapport aux concurrents : des millions de Français qui ont une affinité avec l’Afrique », ajoute-t-il. Ainsi, pour Emmanuel Macron, la diaspora peut être « un accélérateur de changement des relations entre la France et l’Afrique, explique ce diplomate. Encore faut-il la mobiliser ».

Redéfinir les liens sans paternalisme

Pour l’impliquer, le président a voulu s’adresser directement à elle « en cherchant à se libérer des carcans institutionnels », comme l’explique un de ses conseillers. En août 2017, il a mis en place le Conseil présidentiel pour l’Afrique (CPA), une instance censée nourrir sa politique africaine et donner plus de place aux sociétés civiles avec comme promesse un accès direct à l’Elysée. Cette démarche devait mettre un terme « à l’habitude bien ancrée de partenariat vieillissant des réseaux diplomatiques, ajoute la source élyséenne. Il n’y a pas de meilleurs ambassadeurs que des binationaux ». Certes, mais en quatre ans d’existence, le CPA n’a pas su s’imposer et est davantage perçu comme une coquille vide que comme un outil de « soft power ».

Pour convaincre de sa sincérité de « repenser » la relation entre ces deux voisins, le président a dû rassurer et donner des gages ; prouver que le temps de la « Françafrique » était révolu et que l’ancienne puissance coloniale était prête à redéfinir ses liens avec le continent sans paternalisme. A la suite de son discours de Ouagadougou, en novembre 2017, il a commencé à restituer du patrimoine africain (au Bénin, par exemple) et entamé une réconciliation mémorielle avec le Rwanda ou l’Algérie. Avant d’annoncer la fin du franc CFA.

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