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Au Liban, le Hezbollah met en garde les Forces libanaises contre une escalade de la violence

Un homme du Hezbollah tire en l’air durant les funérailles de membres du mouvement chiite qui ont été tués lors de la manifestation du 14 octobre qui s’est tenue aux abords du palais de justice de Beyrouth, pour exiger le renvoi du juge chargé de l’enquête sur l’explosion dévastatrice survenue au port en août 2020. IBRAHIM AMRO / AFP

Quatre jours après les affrontements les plus meurtriers qu’ait connus Beyrouth depuis plus de dix ans, le chef du Hezbollah pro-iranien au Liban, Hassan Nasrallah, a adressé un avertissement au parti chrétien des Forces libanaises.

Dans un discours télévisé, lundi 18 octobre, le secrétaire général du parti chiite a imputé au parti chrétien d’avoir ouvert le feu, jeudi, au cœur de la capitale libanaise, sur ses partisans et ceux de son allié, le mouvement chiite Amal, faisant sept morts. Des heurts qui ont alimenté les craintes d’un nouveau cycle de violences dans le pays. « Cette mine que nous avons réussi à désamorcer jeudi peut à nouveau exploser à tout moment et dans n’importe quelle région », a prévenu M. Nasrallah dans son discours.

« Je révèle pour la première fois ce chiffre : nous disposons de 100 000 combattants, entraînés et armés », a déclaré M. Nasrallah. Un chiffre difficile à vérifier. « Je conseille aux Forces libanaises et à leur chef de renoncer complètement à l’idée de la guerre civile et à celle de conflit intérieur », a-t-il dit. « Votre calcul est mauvais (…), la région n’a jamais connu un Hezbollah aussi puissant que maintenant. »

Le 14 octobre, le Hezbollah et Amal avaient organisé une manifestation devant le palais de justice de Beyrouth pour exiger le remplacement du juge Tarek Bitar, chargé de l’enquête sur la gigantesque explosion au port de la capitale le 4 août 2020 (plus de 200 morts).

Cependant, M. Nasrallah n’a pas demandé le remplacement du juge Bitar, comme il l’avait fait lors de son précédent discours, le 11 octobre. Il a simplement répété que l’enquête sur l’explosion au port était « sélective » et qu’elle « cibl[ait] politiquement [les] alliés et [les] amis » du Hezbollah. Le parti chiite avait déjà accusé le juge de politiser l’enquête et de viser des personnalités de camps déterminés.

Les armes du Hezbollah

Amal et le Hezbollah accusent les Forces libanaises d’avoir déployé des francs-tireurs sur les toits des immeubles de quartiers chrétiens environnants et d’avoir ouvert le feu.

Vendredi, le chef des Forces libanaises, Samir Geagea, avait démenti ces accusations et affirmé que les habitants du quartier chrétien d’Aïn El-Remmaneh s’étaient « défendus » face aux « miliciens du Hezbollah qui [avaient] tenté d’entrer dans leurs maisons ».

Le Hezbollah est la seule formation au Liban à avoir pu conserver légalement ses armes après la fin de la guerre civile (1975-1990), au nom de la « résistance » contre Israël. Les Forces libanaises ont, pour leur part, déposé les armes à la fin de la guerre civile et se sont transformées en parti – leur chef est le seul des seigneurs de la guerre à avoir été emprisonné pendant onze ans du temps de la domination syrienne sur le Liban.

Vendredi, Moscou a enjoint aux acteurs de la crise de « faire preuve de retenue » et Riyad a appelé les dirigeants libanais à « de vrais et sérieux changements ». Jeudi, la France avait invité à « l’apaisement » et les Etats-Unis à la « désescalade ». Le porte-parole de l’Organisation des Nations unies, Stéphane Dujarric, a pour sa part plaidé pour une « enquête impartiale » sur l’explosion.

Le Monde avec AP, AFP et Reuters

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