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Les élections législatives, chance historique ratée de l’Ethiopie

Des Ethiopiens votent lors des élections générales à Addis-Abeba, le 21 juin 2021. BEN CURTIS / AP

Rien n’aurait dû se passer ainsi. En Ethiopie, les élections générales, dont les résultats ont été annoncés samedi 10 juillet, se sont conclues par une victoire éclatante du Parti de la prospérité, une nouvelle formation dans laquelle le premier ministre, Abiy Ahmed, a insufflé une partie de la volonté réformatrice qui l’animait lors de son arrivée au pouvoir en 2018. Mais trois régions sur dix n’ont pas pu voter, la guerre se poursuit dans la région du Tigré, dans le Nord, et l’instabilité menace partout. Sur le papier, pourtant, la casse aura été limitée lors de ce scrutin, qui s’est tenu envers et contre tout le 21 juin après avoir été repoussé à plusieurs reprises depuis sa date initiale, le 29 août 2020.

Quel sera le sens de cette consultation ? Avec 410 sièges sur les 436 qui étaient en jeu (sur 547 au total), le Parti de la prospérité domine le Parlement. Abiy Ahmed pourra donc être élu par les députés. « Ce sont les élections les plus libres, les plus justes et les plus enracinées dans le pluralisme que l’Ethiopie ait connues », a affirmé celui qui avait été désigné par l’ex-coalition au pouvoir, le Front démocratique révolutionnaire des peuples éthiopiens (EPRDF), en avril 2018, pour prendre la succession d’Haile Mariam Dessalegn, dans une atmosphère d’épuisement du pouvoir.

Répression

Abiy Ahmed a eu le temps, fin 2019, de mener à bien son projet de faire éclater cette coalition et de la remplacer par le seul Parti de la prospérité. Mais un certain nombre de partis, notamment ceux de la région Oromia (40 millions d’habitants, la plus peuplée), estiment que la fin du fédéralisme revient à assurer la domination d’une seule tendance, celle de la communauté des Amharas dont le premier ministre s’est entouré après s’être brouillé avec des responsables oromo, notamment son ex-mentor, Lemma Megersa.

Cette victoire « historique », selon les mots d’Abiy Ahmed samedi, a peu de chances de jouer un rôle important. Les chiffres (plus de 90 % de participation, notamment) ne peuvent à eux seuls résumer la situation du pays. Historique, ce scrutin aurait pourtant pu l’être. Abiy Ahmed est arrivé à la tête de l’Ethiopie en 2018 au terme d’une longue dégradation de l’environnement politique, sur fond de répression et d’usure extrême de l’EPRDF, une coalition de quatre partis qui était parvenue au pouvoir en 1991, en renversant le régime communiste du DERG. Cette formation s’inscrivait dans un cadre constitutionnel précis, organisée autour du fédéralisme des « nations » (groupes ethniques régionaux). Elle n’était aussi, en définitive, que l’habillage rhétorique de la domination d’un parti minoritaire en son sein, le Front populaire de libération du peuple du Tigré (TPLF).

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