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« Les marges de manœuvre de l’administration Biden face à Pékin pourraient se réduire sensiblement »

Tribune. C’est peu dire que l’ambiance n’est plus au beau fixe entre Washington et Pékin. Depuis la rencontre houleuse d’Anchorage le 18 mars, les choses semblent limpides. L’heure est aux sujets qui fâchent et le dernier sommet de l’OTAN le 14 juin n’a fait qu’accentuer les tensions. Joe Biden pourrait néanmoins être contraint de revenir dans les mois qui viennent à davantage de coopération avec le gouvernement chinois. En cause, le danger avéré d’une crise financière outre-Atlantique.

Le ratio entre la capitalisation boursière et le produit intérieur brut (PIB) des Etats-Unis, un instrument de mesure élaboré par Warren Buffett en 2001 lors de l’effondrement du Nasdaq, vient de franchir un seuil critique. Fin juin, il s’élevait à 130 %. A l’été 2007, lorsque la bulle des subprimes a éclaté, la valeur totale des instruments financiers à Wall Street représentait 137 % du PIB américain.

Bien sûr, un indicateur considéré isolément ne permet jamais de discerner de façon indiscutable les évolutions potentielles des marchés, mais on ne rétorquera pas trop vite que « cette fois, le contexte est différent ». Il est difficile de soutenir que les investisseurs sortiront forcément à temps de la bulle pour procéder à la réallocation de leurs portefeuilles dans la mesure où, précisément, les alternatives font défaut.

Le danger de la survalorisation des titres du numérique

Ces dernières années, les cours ont été principalement tirés vers le haut en raison de l’attrait pour les valeurs de l’industrie du numérique. De ce point de vue, la baisse drastique des taux décidée à la suite à la pandémie n’a fait qu’attiser cet appétit. Lorsque la survalorisation de cette catégorie de titres deviendra intenable, la poule aux œufs d’or sera morte et il sera compliqué de se déporter vers des valeurs classiques.

C’est que les actions des secteurs traditionnels ont déjà largement intégré le rebond de 2021 après avoir, somme toute, peu souffert en 2020. A l’époque, l’action non conventionnelle de la Réserve fédérale américaine leur avait évité de connaître un plongeon trop marqué.

Voilà sans doute pourquoi, dans son rapport sur la stabilité financière de mai, la banque centrale américaine n’y est pas allée par quatre chemins en s’étonnant du « niveau élevé de certains actifs par rapport aux normes historiques » avant de préciser que « dans ce contexte, les cours peuvent être vulnérables en cas de baisse de l’appétit pour le risque ». On ne saurait être plus explicite. Bref, la question n’est finalement pas de savoir si une déflagration financière va frapper les Etats-Unis, mais davantage quand elle surviendra. Etant donné le niveau actuel de ses taux nominaux, il ne restera sans doute plus à la Fed qu’à se diriger en territoire négatif. Les marges de manœuvre de l’administration Biden face à Pékin se réduiront alors sensiblement.

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