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Le Sénat va étudier les ingérences d’Etats étrangers à l’université

Poussée par André Gattolin, élu La République en marche des Hauts-de-Seine et fin connaisseur de la Chine, qui en sera rapporteur, une mission d’information du Sénat sur « les influences étatiques extra-européennes dans le monde universitaire et académique français » a démarré ses auditions, jeudi 8 juillet.

Elle aura très peu de temps pour traiter ce vaste et sensible sujet, puisqu’elle doit rendre ses conclusions à la fin de septembre. Mais « le Sénat peut déjà identifier le problème, le nommer en faisant la part entre le soft power et ce qui relèverait d’une menace, puis formuler des préconisations pour y répondre », estime le président de la mission, le sénateur (Les Républicains) du Rhône, Etienne Blanc.

Le travail devrait, de fait, être circonscrit à quelques Etats d’importance : Turquie, Chine, pays du Golfe. « Il s’agit d’identifier ceux qui détournent la finalité de l’université – la diffusion de la pensée française, l’ouverture sur le monde, la tradition d’accueil d’étudiants étrangers », ajoute le sénateur. La mission n’englobera pas « l’islamo-gauchisme », sujet qui a créé une tempête dans le monde universitaire et valu à la ministre Frédérique Vidal une procédure pour abus de pouvoir.

« Instrumentalisation de recherches »

La mission sénatoriale se penchera sur « les pratiques telles que le financement de chaires, l’instrumentalisation de recherches à des fins idéologiques ou politiques, ou encore des pressions exercées [par les Etats] sur leurs ressortissants étudiants et potentiellement sur les enseignants », fait savoir un communiqué. « Les procédés sont multiples, parfois subtils, et s’appuient sur la tradition d’échanges et d’internationalisation du monde de la recherche occidental. »

Un questionnaire a déjà été diffusé, par l’intermédiaire de la conférence des présidents d’universités, dans les établissements. Les auditions permettront d’entendre des fonctionnaires, des diplomates, des universitaires européens et étrangers (notamment australiens), ou encore, espèrent le président et son rapporteur, des membres des services du renseignement intérieur et extérieur français au fait des menaces d’ingérence.

Les parlementaires français veulent se rapprocher de leurs homologues britanniques – « Ils sont en avance sur ces sujets », convient Etienne Blanc. Au début de 2019, la commission des droits humains du Parti conservateur avait ainsi demandé la fermeture des Instituts Confucius installés dans le giron des universités du Royaume-Uni, dans l’attente d’un audit général. En France, jamais l’inspection générale de l’enseignement supérieur et de la recherche n’a diligenté de mission sur ces outils d’influence de Pékin, qui profitent des difficultés matérielles des études chinoises académiques pour s’implanter.

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