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Entre omissions et mystification, le Parti communiste chinois réécrit l’histoire du pays

Par Frédéric Lemaître

Publié aujourd’hui à 01h10

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Récit« Les 100 ans du Parti communiste chinois » (1/3). Dans les hauts lieux du « tourisme rouge », les commémorations se multiplient en Chine pour célébrer la création, en juillet 1921, du PCC porté au pouvoir par Mao Zedong. Ces festivités sont l’occasion, pour le président actuel, Xi Jinping, de contrôler le récit national.

La statue de Mao Zedong (1893-1976) érigée le 18 janvier 2020 dans le village de Mao Lou, dans le nord du Henan, est l’une des plus récentes de Chine. Elle représente le fondateur de la République populaire en pied, le bras droit levé, tournant le dos au fleuve Jaune et fixant l’horizon. Le plissé de son manteau révèle un léger vent d’est. Il tient sa casquette dans sa main gauche, repliée derrière le dos.

A ses pieds, commence la route qui part vers le nord et relie ce bourg sans charme de moins de 3 000 habitants au reste du pays. A ses côtés, une stèle de marbre noir sur laquelle sont gravées trois inscriptions : une citation du grand homme sur le fleuve Jaune, une du président actuel, Xi Jinping, sur la fidélité à l’engagement initial, et un poème à la gloire de Mao. Au dos, la liste des 134 mécènes et le montant de leurs dons pour l’édification du monument. Compris entre 200 et 6 888 yuans (de 25 à 890 euros), ceux-ci ont permis de récolter 97 036 yuans.

Cruauté et erreurs stratégiques

Pourquoi avoir construit pareille statue dans ce coin perdu ? Assis devant un vieux manège qui semble n’avoir plus accueilli d’enfants depuis une éternité, deux retraités vendent la mèche sans se faire prier. « Cette partie de la route est dangereuse. Un maître de feng shui nous a conseillé de la placer sous la protection d’une personne puissante. Comme le village s’appelle aussi Mao, nous nous sommes dit que c’était la meilleure solution. »

Inauguration d’une rue piétonne, à Yan’an (province du Shaanxi) en Chine, le 12 juin 2021. Cette  ville, berceau révolutionnaire du Parti communiste chinois, est devenue l’un des hauts lieux du « tourisme rouge. » ROMAN PILIPEY / EPA

Pour nombre d’Occidentaux, l’homme qui a dirigé la Chine de 1949 à sa disparition en septembre 1976, et mené le Parti communiste chinois (PCC) qui célébrera ce 1er juillet son centième anniversaire, était un dictateur dont la cruauté et les erreurs stratégiques ont provoqué la mort d’au moins 30 millions de ses compatriotes, et qui laissa à ses successeurs un pays exsangue et arriéré. Pour eux, le grand homme n’est pas Mao mais Deng Xiaoping (1904-1997), l’initiateur des réformes économiques. Les Chinois ne le voient pas forcément ainsi.

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Même un historien aussi pondéré que Wu Si, courageux critique du régime, se garde bien de dresser un bilan purement négatif des années Mao. « Le revenu moyen n’a pas beaucoup progressé de 1949 à 1979, mais la productivité et l’éducation se sont améliorées, ainsi que l’espérance de vie, détaille-t-il d’un ton posé. En revanche, les libertés ont reculé. Même si on voit en lui un dictateur, force est de constater qu’il a passé son existence à mener des combats auxquels il croyait et qu’il les a gagnés. C’est pour cela que les Chinois l’admirent. »

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