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En Italie, Enrico Letta prône le rétablissement de droits de succession

L’ancien président du conseil italien et nouveau secrétaire du Parti démocrate, Enrico Letta, à Paris, le 14 janvier 2020. ERIC PIERMONT / AFP

Dans une scène mémorable de son film Aprile (1998), l’acteur et réalisateur italien Nanni Moretti prend à partie, de son canapé, le principal dirigeant de la gauche italienne de l’époque, Massimo d’Alema, alors qu’il participe à un débat télévisé. « Dis quelque chose de gauche ! », hurle-t-il en direction du poste, tandis qu’à l’écran le chef de la droite, Silvio Berlusconi, déroule tranquillement un long réquisitoire contre les magistrats.

La scène fait mouche, parce qu’elle résume, avec une remarquable économie de moyens, le désarroi et l’apathie de la gauche italienne, dans tous les domaines, face à l’efficacité du message berlusconien. De fait, en raison de la domination idéologique du berlusconisme et des contraintes budgétaires pesant sur le pays, le centre gauche italien a eu le plus grand mal, ces deux dernières décennies, à formuler des propositions en matière économique et sociale.

C’est sur ce terrain que l’ancien président du conseil (2013-2014) et nouveau secrétaire du Parti démocrate (PD) italien, Enrico Letta, rentré à Rome en mars 2021, après six années à la tête de l’Ecole des affaires internationales de Sciences Po Paris, a voulu retourner, le 20 mai, en réveillant un débat enterré depuis des lustres – la taxation des successions –, placé sur le terrain de la justice entre les générations. La proposition, qui a provoqué ces derniers jours d’intenses débats en Italie, est le point d’orgue de son dernier ouvrage, Anima e Cacciavite (littéralement « l’âme et le tournevis », éditions Solferino, non traduit), sorti en librairie le 27 mai.

Maintenir l’exonération jusqu’au million d’euros

Abolis en 2001 par le gouvernement Berlusconi – le président du conseil d’alors était également la première fortune du pays – et rétablis sous une forme très édulcorée par le gouvernement de Romano Prodi (centre gauche) en 2006, les droits de succession sont particulièrement bas dans la Péninsule. A l’heure actuelle, un héritier direct ne paie rien en deçà d’un million d’euros et doit s’acquitter (hors exonérations, notamment pour les parts de sociétés) d’une taxe de 4 % au-delà de ce chiffre.

Pour les héritiers sans lien de parenté proche (au-delà du quatrième degré), l’addition grimpe à 8 % du total. Autrement dit, l’imposition des successions est quasi nulle. En 2020, elle a fait entrer 429 millions d’euros dans les caisses de l’Etat (contre une quinzaine de milliards d’euros par an en France), et ce point fait l’objet d’un assez fort consensus dans la société italienne.

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