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Le journaliste de la BBC qui a interrogé Lady Di en 1995, présente ses excuses et se défend

Martin Bashir, le 22 janvier 2013, à Washington. NICK WASS / NICK WASS/INVISION/AP

Lady Di, le feuilleton continue. Interrogé par le Sunday Times, le journaliste Martin Bashir, mis en cause pour tromperie dans le cadre de l’interview explosive de Lady Diana en 1995, a présenté ses excuses, dimanche 23 mai, aux princes William et Harry. « Je n’ai jamais voulu nuire à Diana de quelque manière que ce soit, et je ne crois pas que nous l’ayons fait. » Le journaliste a assuré que cet entretien avait été conduit selon les conditions posées par la jeune femme, et que tous deux étaient tous deux restés très bons amis. Il a également contesté avoir contribué à nourrir la « paranoïa » de la princesse.

Plus de vingt-cinq ans après cet entretien, qui avait été regardé par près de 23 millions de téléspectateurs rien qu’au Royaume-Uni, un rapport indépendant a dénoncé, jeudi 20, les méthodes « trompeuses » employées par ce journaliste pour l’obtenir. A l’époque, le frère de Diana, Charles Spencer, avait affirmé que Martin Bashir lui avait montré des relevés de compte – qui se sont révélés faux – prouvant que les services de sécurité payaient deux personnes à la cour pour espionner sa sœur. C’est ce qui l’avait poussé, selon lui, à présenter le journaliste à la princesse. Aujourd’hui, M. Bashir dit regretter les faux relevés de compte mais il fait valoir qu’ils n’avaient « rien à voir » avec les révélations faites au cours de l’interview.

Or, selon le prince William, l’interview avait contribué à détériorer davantage la relation entre ses parents et « alimenté les peurs, la paranoïa et la solitude des dernières années » de la vie de Diana. Harry, de son côté, était allé jusqu’à établir un lien entre la mort de sa mère et « l’effet d’entraînement de cette culture d’exploitation et des pratiques contraires à toute éthique ». Diana était morte dans un accident de voiture à Paris en 1997, à l’âge de 36 ans.

« Je ne crois pas que je puisse être tenu pour responsable des nombreuses choses qui se passaient dans sa vie, a déclaré M. Bashir au Sunday Times, suggérer que je suis responsable individuellement est déraisonnable et injuste. » « Ma famille et moi l’adorions », a-t-il poursuivi, révélant que Diana avait rendu visite à son épouse et à leur enfant tout juste né à l’hôpital et que la princesse avait organisé une fête d’anniversaire pour un de ses enfants, au palais de Kensington.

La réputation de la BBC a été « compromise »

Cette interview avait ébranlé la monarchie britannique, et le rapport paru jeudi s’est révélé presque aussi explosif pour la BBC. L’ancien juge de la Cour suprême britannique John Dyson y critique vertement le groupe audiovisuel public pour sa gestion de l’affaire. Tony Hall, qui dirigeait la rédaction de la BBC au moment de l’interview a, quant à lui, démissionné samedi de ses fonctions de président du musée londonien de la National Gallery. Le rapport Dyson souligne notamment que, lors de l’enquête interne menée en 1996, la BBC n’avait pas demandé à Charles Spencer de fournir sa version des faits.

La BBC a officiellement présenté ses excuses jeudi, et son nouveau patron, Tim Davie, a reconnu que la rédaction « aurait dû faire bien plus d’efforts pour savoir ce qui s’était réellement passé à l’époque ». Interrogée ce dimanche sur SkyNews, la ministre de l’intérieur, Priti Patel, a déclaré que « la réputation de la BBC – l’une des grandes institutions [du pays] – a été compromise. Il est temps pour la BBC de réfléchir absolument aux conclusions de ce rapport et de reconstruire [un climat de] confiance ». Selon la chaîne de télévision sise à Londres, Charles Spencer a demandé à la chef de la police de la capitale britannique d’enquêter de nouveau, sur les conditions de l’entretien.

En 1995, M. Bashir était peu connu. Mais sa carrière avait pris un essor considérable qui lui avait permis d’interviewer notamment Michael Jackson. La star de la pop, aujourd’hui décédée, s’était plainte auprès du régulateur audiovisuel britannique, accusant Martin Bashir d’avoir donné une image biaisée de son comportement et de sa conduite en tant que père.

Le journaliste a ensuite travaillé pour la BBC en tant que correspondant chargé de la religion, jusqu’à sa démission, la semaine dernière, pour raisons de santé, peu avant la remise du rapport Dyson.

Le Monde avec AFP

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