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« Drôle d’époque ! Un parti de droite propose de taxer lourdement la finance. Et des économistes de gauche plaident pour un impôt plus faible ! »

Tribune. Nous avons été surpris de constater que le parti Les Républicains (LR) reprenait à son compte notre proposition de taxer tous les paiements électroniques (voir notre livre Il faut taxer la spéculation financière, Odile Jacob, 2019). Mais ce qui était dans notre livre un mini-péage au taux de 0,2 % permettant de financer la transition écologique est devenu pour Guillaume Peltier, vice-président délégué LR interviewé par le JDD le 17 avril, un véritable impôt au taux de 2 %.

Il est surprenant que cette proposition émane de LR. En effet, une telle taxe pèserait essentiellement sur ceux qui multiplient les allers-retours entre leurs comptes bancaires, c’est-à-dire les ménages aisés et l’industrie financière, qui font partie des soutiens habituels de ce parti. Guillaume Peltier serait-il passé à gauche ?

Equateur et Colombie

Il est vrai que l’idée est tentante : en France, les paiements électroniques représentent plus de cent fois le produit intérieur brut (PIB). Même s’il entraîne une réduction de moitié de ce volume, un mini-péage de seulement 0,2 % (le taux que nous préconisons, soit dix fois moins que Guillaume Peltier) pourrait rapporter 10 % (cinquante fois 0,2 %) du PIB, soit autour de 250 milliards d’euros (presqu’autant que la TVA et l’impôt sur le revenu réunis). Nous défendons donc cette idée, proposée pour la première fois dans les années 1990 par l’économiste américain Edgar Feige.

Malheureusement, le diable est dans les détails. Le taux de 2 % proposé par les LR, même s’il paraît faible, entraînerait des bouleversements massifs dans le fonctionnement de l’économie. Songez seulement au trésorier d’entreprise qui place ses excédents de trésorerie à un mois. Même si les taux d’intérêt reviennent à leurs valeurs normales, disons 5 % par an, un placement à un mois ne rapporte qu’à peine 0,4 %.

Une taxe de 2 % éliminerait complètement la gestion de trésorerie par les entreprises, mais aussi le marché interbancaire, indispensable à la transmission de la politique monétaire de la Banque centrale européenne (BCE) ! Il ne faut pas tuer la poule aux œufs d’or.

L’Amérique latine a connu des expériences contrastées en la matière à la fin du siècle dernier. En 1999, l’Equateur a mis en place une taxe sur les paiements au taux de 2 %, mais elle a dû l’abolir au bout de deux ans, suite aux problèmes créés pour l’économie du pays. La Colombie a été beaucoup plus raisonnable, en adoptant un micropéage au taux de 0,2 %, qu’elle a ensuite augmenté à 0,3 %.

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