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A Barcelone, l’œuvre perpétuelle de Ricardo Bofill

Par Clément Ghys

Publié aujourd’hui à 12h57, mis à jour à 13h00

Depuis 2010, date du lancement d’Instagram, c’est devenu l’une des constantes des photographies publiées sur le réseau social : les images d’architecture, et particulièrement celles des grands ensembles. A Londres, les internautes adorent se balader dans le Barbican à la recherche d’angles surprenants. A Milan, le Bosco Verticale, de gratte-ciels couverts de jardins, les inspire. En région parisienne, les Espaces d’Abraxas, à Noisy-le-Grand, en Seine-Saint-Denis, ou les Arcades du lac, à Montigny-le-Bretonneux, dans les Yvelines, deux constructions délirantes voient des visiteurs affluer tous les week-ends.

Ces deux gigantesques édifices, qui rappellent la Gotham City de Batman, sont signés de l’Espagnol Ricardo Bofill, architecte qui a essaimé sa touche originale dans le monde entier, notamment à Montpellier avec le quartier Antigone, inspiré de la Grèce antique ou la place de la Catalogne, derrière la gare Montparnasse, à Paris. Autant de projets très différents, conçus dans un seul endroit : La Fábrica, à Sant Just Desvern, près de Barcelone, siège de son agence. Une ancienne cimenterie transformée en lieu de vie et de travail. Une adresse secrète dont la luxuriance ne se devine qu’à peine depuis la rue, et qui jouit d’une rare aura dans le monde de l’architecture.

Il a beau s’éloigner de Gaudí, sa Fábrica est une Sagrada Familia à elle toute seule. Un immense chantier sur lequel il passera des années, et qui serait toujours en cours.

En 1973, Ricardo Bofill se promène en voiture dans les environs de la capitale catalane. La mode n’est pas encore aux atmosphères post-industrielles. Mais l’architecte est un franc-tireur. Il est une figure de la « Gauche divine », mouvement d’intellectuels et d’artistes barcelonais anti-franquistes qui se regroupaient au Boccaccio, une boîte de nuit de la ville. Il vient de passer deux décennies à Paris. Et il est revenu à Barcelone, s’apprêtant à profiter de la démocratie qui reviendra avec la mort de Franco, en 1975.

Il s’arrête devant une cimenterie des années 1920, demande si elle est à vendre, apprend qu’elle cessera ses activités à la fin du mois. Il décide de s’y installer. Sans doute est-ce pour sortir de la capitale catalane, étouffante pour un architecte avec les empreintes omniprésentes de Gaudí, le quartier gothique, les majestueuses avenues rectilignes d’Eixample, ou encore celles du designer Mies van der Rohe, dont le pavillon de l’exposition universelle de 1929 est un lieu central de l’histoire de sa discipline. Il a beau s’éloigner de Gaudí, sa Fábrica est une Sagrada Familia à elle toute seule. Un immense chantier sur lequel il passera des années, et qui serait, dit-il, toujours en cours.

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