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Le covoiturage domicile-travail sur la bonne voie

Quand on sait que 70 % des déplacements domicile-travail sont réalisés avec des véhicules individuels, pour la plupart en autosolisme, la solution du covoiturage quotidien prend toute son importance.

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Le sujet de la mobilité est au cœur de la transition écologique. Dans ce domaine, de nombreux progrès restent encore à faire notamment en ce qui concerne les trajets domicile-travail en voiture. Selon l’étude TomTom Traffic Index, les habitants de grandes agglomérations comme Paris passent jusqu’à six jours et six heures par an dans les embouteillages… Rageant, surtout quand on sait que le taux d’occupation d’un véhicule varie selon les sources entre 1,1 et 1,4 personne. La solution du covoiturage quotidien apparaît dès lors évidente, en plus quand elle est organisée par les entreprises ou les collectivités.

La loi d’orientation des mobilités en booster

Le système de covoiturage n’est pas nouveau, « il existait déjà fin XIXe en calèches… » précise Jérémy Lelièvre, chargé d’animation et chef de projets pour Mobicoop. En fait, si des services de covoiturage pour les trajets domicile-travail existent depuis longtemps, c’est la loi d’orientation des mobilités, promulguée fin 2019, qui a donné un vrai coup de boost au secteur. Les collectivités locales peuvent désormais subventionner les déplacements en covoiturage quotidien. « Cela a notamment un intérêt certain dans les zones rurales et périurbaines pour lesquelles la mise en place d’un service de transport en commun n’est pas forcément viable économiquement », souligne Julien Honnart, cofondateur de Klaxit.

Concilier intérêts écologique et économique

Concilier intérêts écologique et économique, c’est la clé de l’essor du covoiturage domicile-travail. Selon Julien Honnart « en plus de la peur de l’inconnu, du difficile changement de ses habitudes quotidiennes, l’incertitude quant au trajet retour, la question financière apparaît comme un frein majeur ». Une problématique qui a poussé Klaxit à faire évoluer son modèle économique afin que, pour l’usager, le trajet soit gratuit, à un coût symbolique ou intégré dans un pass transport comme, par exemple, dans la métropole de Nantes.

Des économies substantielles

À la différence d’autres moyens de transport partagé comme les VTC par exemple, le covoiturage n’est pas censé générer de bénéfices pour le conducteur, juste un défraiement jusqu’à 50 centimes du kilomètre, avec une moyenne plutôt à 10 centimes par passager transporté. Mais c’est pourtant l’attrait financier qui semble être la motivation principale d’une personne qui propose le covoiturage. Le ministère de la Transition écologique évoque même une économie substantielle de l’ordre de 2.000 euros par an pour un salarié qui covoiture avec une personne sur les 30 kilomètres qui le séparent de son lieu de travail.

Améliorer la qualité de vie

Bon point, mais ce n’est pas le seul, puisque le covoiturage permet de réduire d’un tiers le nombre de véhicules sur les routes et donc de diminuer significativement les émissions de CO2 d’environ 30 %. « Il s’agit aussi de développer une forme de convivialité mais aussi de solidarité, pour les personnes qui ne disposent pas de solutions de transport en commun, n’ont pas de véhicules ou ne peuvent pas conduire, ou celles en situation de vulnérabilité » explique Jérémy Lelièvre. Pour l’usager, c’est également une question de temps gagné, de l’ordre d’une trentaine de minutes par jour. Un chiffre qui devrait encore évoluer favorablement avec la multiplication des voies dédiées au covoiturage.

L’intérêt pour les entreprises et les collectivités

L’intérêt des entreprises, qui mettent en place ce type de dispositif au sein de leur structure, réside pour beaucoup d’entre elles dans l’atteinte de leurs objectifs RSE mais aussi dans l’amélioration de l’accessibilité de leur site, donc d’attirer les talents et de les fidéliser. Cela permet aussi de ne pouvoir réduire, ou tout cas ne pas augmenter, les places de parking dont le coût de mise en place est assez élevé. Pour une collectivité, il s’agit plutôt de résorber les embouteillages, de gagner en stationnement, de diminuer la pollution atmosphérique et de réduire les coûts en transports publics.

Un nécessaire travail d’évangélisation

L’objectif annoncé par le Gouvernement est de tripler le nombre de trajets réalisés en covoiturage du quotidien d’ici 2024, pour atteindre les 3 millions, soit une baisse de 7.800 tonnes des émissions quotidiennes de CO2. Sachant qu’encore 70 % des déplacements domicile-travail sont réalisés avec des véhicules individuels, la plupart en autosolisme, et que la part du covoiturage quotidien est estimée à 3 %, il y a encore de la marge. « Une plus forte médiatisation et la généralisation progressive du covoiturage sur les longues distances permettent au sujet de prendre de plus en plus d’ampleur. Il y a néanmoins encore un vrai travail d’évangélisation à mener auprès des usagers potentiels, des conducteurs et des structures qui le soutiennent », affirme Julien Honnart.

Animation, communication et innovation

En plus de la solution technique, l’animation et la communication semblent essentielles pour accroître l’adoption du système par le plus grand nombre. « Aussi beau et efficace soit-il, un service de covoiturage quotidien nécessite d’être animé », explique Jérémy Lelièvre. Chez Mobicoop comme chez Klaxit, des équipes sont dédiées à ce pan au travers d’ateliers, de formations, de mécanismes de parrainage, de communication sur tous les types de supports. Côté services, les plateformes de covoiturage quotidien essaient aussi d’innover. La garantie retour proposée par Klaxit et Mobicoop permet par exemple à un usager dont le trajet vers son domicile a été annulé de pouvoir bénéficier d’un retour en VTC ou taxi sans aucune avance de frais. Au niveau des collectivités, l’importance grandissante du concept de Maas (Mobility as a Service) pour planifier, réserver et payer pour plusieurs types de services de mobilité, via un canal numérique commun, devrait aussi contribuer à une plus grande généralisation du covoiturage quotidien.

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