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Etats-Unis : le pari de Joe Biden sur le « big government »

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Le président américain Joe Biden donne un discours au Carpenters Center de Pittsbourg, le 31 mars. Le président américain Joe Biden donne un discours au Carpenters Center de Pittsbourg, le 31 mars.

En présentant, mercredi 31 mars, un plan d’investissement massif de 2 250 milliards de dollars (1 917 milliards d’euros) financé en bonne partie par des hausses d’impôts sur les sociétés, Joe Biden s’est lancé dans un pari dont dépendra sans doute l’issue de son mandat.

Plus encore que la bouée de sauvetage lancée à l’économie de 1 900 milliards de dollars adopté au début du mois dans le contexte de l’épidémie de Covid-19, il confirme une volonté de changement de paradigme à Washington : la réhabilitation de l’Etat fédéral comme acteur, voire stratège, après quatre décennies de révolution conservatrice.

Cette dernière avait été initiée lorsque le républicain Ronald Reagan, fraîchement élu, avait assuré, en janvier 1981, que le gouvernement n’était pas « la solution », mais « le problème ». « Les neuf mots les plus terrifiants de la langue anglaise sont : je suis du gouvernement et je suis là pour aider », ironisait le même président cinq ans plus tard. En 1996, le démocrate Bill Clinton avait acté la défaite idéologique de son camp en assurant que « l’ère du big government » était « révolue ».

Avec son lointain successeur, il n’est plus question d’avoir comme unique objectif son atrophie et la privation des ressources fiscales qui le font fonctionner. L’Etat fédéral n’est pas « une force étrangère installée dans une lointaine capitale, il s’agit de nous tous », avait déjà assuré Joe Biden le 12 mars, le coronavirus ayant mis en évidence, selon lui, « [sa] fonction la plus importante : protéger le peuple américain ».

Un soutien républicain au Sénat est peu probable

Son ambition va se heurter à de sérieux obstacles, tout d’abord au sein du camp démocrate. Son aile gauche, en dépit des sommes en jeu, va plaider pour des investissements encore plus massifs, notamment dans l’environnement. Au Sénat, au contraire, où la majorité du président ne tient qu’à une voix, celle de la vice-présidente Kamala Harris, par ailleurs présidente du Sénat, Joe Biden va devoir obtenir le soutien de sénateurs élus dans des Etats républicains, à commencer par celui de Joe Manchin, en Virginie-Occidentale, qui tient par-dessus tout à ce que ce vaste projet soit porté par une majorité bipartisane.

Un soutien républicain est pourtant peu probable pour l’instant compte tenu de l’opposition farouche du Grand Old Party (GOP) aux hausses d’impôts prévues. Comme pour le plan de sauvetage et faute d’un consensus démocrate pour l’élimination du seuil de soixante voix indispensables pour contourner l’obstruction parlementaire (filibuster), Joe Biden va devoir s’en remettre à la procédure spéciale qui permet à la haute assemblée d’adopter un texte à la majorité simple dès lors qu’il comporte des dispositions d’ordre budgétaire.

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