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L’université Galatasaray, victime collatérale des tensions entre la France et la Turquie

Les enseignants français de l’université Galatasaray, à Istanbul, ont le moral en berne. Leur mission, donner des cours à des étudiants turcs francophones dans cet établissement public de prestige, née d’un accord signé en 1992 entre la France et la Turquie, s’avère, depuis peu, singulièrement compliquée.

Tout a commencé à la rentrée scolaire 2020. Le rectorat leur demande alors, sans en expliquer la raison, de passer un examen de langue turque. La demande émane du Conseil de l’enseignement supérieur (YÖK), une institution placée sous l’autorité directe du président, Recep Tayyip Erdogan.

A Galatasaray, fleuron de la coopération universitaire franco-turque, les cours ont toujours eu lieu pour moitié en français, pour moitié en turc. Qu’Ankara exige que les professeurs français, qui enseignent en français au sein d’un établissement francophone, maîtrisent le turc, pourquoi pas ? « On peut comprendre, mais, dans notre cas, tout s’est déroulé de façon arbitraire, rien n’a été clairement énoncé. D’ailleurs, le YÖK n’a pas publié de circulaire à ce sujet », explique un enseignant soucieux d’anonymat.

« Que vont devenir nos étudiants ? »

La situation s’est envenimée en décembre, au moment du renouvellement annuel de leur permis de travail, qui vaut permis de séjour. La procédure traîne en longueur. Les professeurs, vingt-sept au total, ont fini par apprendre de façon informelle que seuls ceux qui maîtrisent parfaitement le turc recevraient leur permis de travail. Six permis ont finalement été attribués aux lauréats de l’examen de turc, de niveau B2.

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Vingt et un professeurs sont donc actuellement sans permis, ce qui fait d’eux des illégaux, susceptibles d’être expulsés à tout moment, en butte à mille difficultés. Impossible pour eux d’envisager de quitter la Turquie, sans avoir à payer une lourde pénalité financière, ou, pire encore, sans risquer l’interdiction de séjour. Les plus mal lotis sont les derniers arrivés à l’université. Privés de permis, ils n’ont pas de numéro de résident, le sésame administratif turc. Pas question pour eux d’ouvrir un compte bancaire, d’acheter une carte SIM, de circuler dans les transports, de faire leurs courses dans un centre commercial.

Le second semestre s’annonce difficile. « Que vont devenir nos étudiants ? Si la situation perdure, les examens prévus ne pourront pas avoir lieu. On laisse tomber ces jeunes, c’est vraiment triste », déplore un autre professeur. A cause de l’épidémie de Covid-19, les cours ont lieu en ligne. Enseigner en présentiel ou faire passer des examens leur est interdit. « La direction de l’université nous a expliqué que nous serions accueillis par la police si nous nous présentions à l’université », explique-t-il.

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