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Covid-19 : la Haute Autorité de santé “ouvre la voie au dépistage massif” en France

Publié le : 12/02/2021 – 07:18

La Haute Autorité de santé a donné le feu vert, jeudi, au déploiement des tests salivaires pour les personnes asymptomatiques. Cette technique, qui devrait être plus acceptée par la population que le prélèvement nasopharyngé, pourrait permettre la mise en place rapide de dépistages massifs et répétés dans les écoles ou les Ehpad. Explications.

La salive, nouvelle arme pour traquer le Covid-19. La Haute Autorité de santé (HAS) a étendu, jeudi 11 février, la possibilité de recourir aux prélèvements salivaires pour détecter et identifier le génome du virus dans la population française. Jusqu’à maintenant, la HAS ne permettait l’utilisation de ce type de test que pour les personnes présentant déjà des symptômes.

Désormais, l’autorité publique indépendante recommande dans un nouvel avis d’étendre ces prélèvements aux personnes asymptomatiques ainsi qu’aux cas contacts – pour ces derniers, seulement si le prélèvement nasopharyngé « est difficile ou impossible ».

Comment l’opération se déroule-t-elle ? La salive peut être recueillie en laboratoire ou même à domicile grâce à un tube fourni dans un kit de prélèvement, à conserver ensuite « à température ambiante », selon la HAS. Le délai pour remettre l’auto-prélèvement au laboratoire doit être le plus court possible et ne pas excéder cinq heures ; l’échantillon doit être analysé « idéalement sous 24 heures ». Précision importante : le prélèvement salivaire ne doit pas être fait dans les 30 minutes après avoir mangé, fumé ou s’être lavé les dents.

Avec ces tests, l’objectif est de « multiplier les opérations collectives de dépistage, notamment en direction des établissements scolaires (…), mais également des universités », avait annoncé le ministre de la Santé, Olivier Véran, lors d’une conférence de presse le 4 février. Outre le milieu scolaire, la HAS évoque aussi dans son avis les personnels d’établissements de santé ou d’Ehpad.

« Nous avons décidé de le déployer d’abord dans les écoles », a expliqué jeudi Jean Castex lors d’un déplacement dans un établissement scolaire du 13e arrondissement parisien, où l’AP-HP conduit une opération pilote dès cette semaine. Fixant un objectif d’au moins 200 000 tests hebdomadaires dans un premier temps, le Premier ministre a également évoqué l’intérêt du dispositif pour les soignants, « des populations qui sont obligées de se tester souvent ».

« Augmenter de manière considérable le nombre de tests réalisés »

« Cet avis de la Haute autorité de santé ouvre la voie à un vrai dépistage », explique Martin Blachier, médecin épidémiologiste et directeur de la société de conseils Public Health Expertise, contacté par France 24. « On va être capable d’augmenter de manière considérable le nombre de tests réalisés et très probablement d’identifier des cas (positifs) qu’on n’aurait pas détectés en restant sur des volumes plus bas de tests. »

« Actuellement, on dépiste seulement une partie du total des personnes infectées par le Covid-19 en France, ce qui veut dire que les cas restants sont dans la nature », ajoute le spécialiste de santé publique. « Et comme ce sont des gens qui sont asymptomatiques, pas déclarés et donc intraçables, il n’y a qu’en testant massivement dans la population qu’on peut arriver à les repérer. »

En revanche, les prélèvements salivaires ne sont pas traités rapidement, le délai d’attente des résultats étant similaire aux tests nasopharyngés, soit environ 24 heures. « (Ces tests) ne seront pas plus rapides qu’une analyse RT-PCR mais seront incontestablement plus faciles à réaliser et beaucoup mieux tolérés (notamment par les enfants, NDLR) », a expliqué jeudi matin lors d’une conférence de presse en ligne la Pr Dominique Le Guludec, présidente du collège de la HAS.

Autre point positif : le test salivaire est moins invasif qu’un prélèvement avec un écouvillon dans le nez. « Le crachat salivaire dans un flacon sec et stérile est privilégié ; à défaut, la salive est récupérée sous la langue à l’aide d’une « Pastette » (une pipette, NDLR) ou d’un système dédié en se conformant aux modalités prévues par le fabricant », précise l’avis de la HAS.

Les autotests en ligne de mire

Avec l’extension des tests salivaires, la Haute autorité de santé ouvre la voie aux dépistages massifs et répétés, mais ce « premier pas » reste insuffisant, estime Martin Blachier : « On est encore très loin de ce qu’il faudrait faire : l’idéal serait que les gens puissent se tester eux-mêmes et s’isoler dans le cas où ils seraient positifs. C’est ça, la vraie solution. »

Les autotests sont, en effet, plus rapides que les prélèvements RT-PCR salivaires et nasopharyngés. Un test de type EasyCov – remboursé par l’Assurance maladie – peut être réalisé en 40 minutes. Le dispositif, utilisé dans plusieurs pays, dont la Belgique et la Suisse, arriverait à bien repérer les patients positifs mais moins les négatifs, selon la HAS, qui se montre prudente sur ce sujet.

Autre exemple récent, la FDA américaine (l’administration américaine des denrées alimentaires et des médicaments) a autorisé, en décembre dernier la commercialisation du premier autotest réalisable depuis chez soi et sans ordonnance, au prix de 30 dollars et pour un résultat attendu en 20 minutes.

« Si vous voulez tester massivement la population, il faut que vous ayez des prélèvements qui soient faciles et réalisés par les gens eux-mêmes », ajoute Martin Blachier. « Ce qui compte finalement, c’est d’avoir le résultat tout de suite, parce que sinon on ne s’isole pas suffisamment tôt et on contamine des gens. »

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