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Le Prix du roi Fayçal, miroir des mutations de la monarchie saoudienne

Le prince Khaled Al-Faiçal se rendant à la cérémonie d’annonce des lauréats de l’édition 2021 du prix du roi Faiçal, à Riyad, le 10 février. Le prince Khaled Al-Faiçal se rendant à la cérémonie d’annonce des lauréats de l’édition 2021 du prix du roi Faiçal, à Riyad, le 10 février.

LETTRE DE BEYROUTH

En tant que berceau de l’islam et gardien autoproclamé de l’orthodoxie sunnite, l’Arabie saoudite se devait de décerner un prix. Le royaume des deux mosquées sacrées, La Mecque et Médine, qui aspire à présider aux destinées de l’oumma, la communauté des croyants, était obligé de désigner ses grands hommes. Cette fonction est remplie par le prestigieux Prix international du roi Fayçal, qui met en valeur des personnalités et des institutions du monde entier, ayant contribué à l’avancement du genre humain et en particulier du monde musulman. Les vainqueurs de l’édition 2021 ont été annoncés mercredi 10 février, au cours d’une cérémonie organisée à Riyad.

Dans la catégorie « Service de l’islam », la plus importante, la récompense a été attribuée à un entrepreneur informatique koweïtien, Mohammed Al-Sharikh, qui a produit une version électronique et anglophone du Coran et développé des programmes éducatifs à destination des fidèles. En « Langue arabe », un professeur marocain de littérature, Mohammed Mechbal, spécialisé dans l’étude de la rhétorique, a été couronné.

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Dans la catégorie « Science », la distinction est revenue au physicien britannique Stuart Parkin, pour ses découvertes dans le domaine du stockage de données. Enfin, le prix de « Médecine » a échu à deux neurologues, le Britannique Robin Franklin, spécialiste des cellules souches, et l’Américain Stephen Strittmatter.

Tous recevront en mars ou en avril, des mains de l’actuel souverain, Salman Ben Abdelaziz, un chèque de 200 000 dollars (165 000 euros) et une médaille en or à l’effigie du défunt roi Fayçal, qui a régné de 1964 à 1975.

Outil politico-diplomatique

Ses descendants, qui forment la branche réputée « intello » et libérale de la famille royale, sont à l’origine du Prix, créé en 1979. « Leur idée était de créer un équivalent musulman des Nobel, explique le politologue Stéphane Lacroix, professeur à Sciences Po et spécialiste du royaume saoudien. Mais à l’usage, cette récompense est devenue un outil politico-diplomatique, une manière pour l’Arabie saoudite d’afficher sa prééminence, de s’imposer comme la voix de l’islam ».

Le choix d’un chef d’entreprise pour le prix « Service de l’islam », longtemps attribué à des religieux ou à des intellectuels radicaux, est en soi éloquent.

Cela cadre parfaitement avec les ambitions modernisatrices du prince héritier Mohammed Ben Salman, dit MBS, l’homme fort de la couronne. Soucieux de rompre avec la réputation d’obscurantisme de son pays, ce trentenaire a autorisé les Saoudiennes à conduire, proclamé son désir de revenir à un islam « modéré » et s’efforce d’inculquer l’esprit d’initiative à ses sujets, intoxiqués à la rente pétrolière.

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