L’annulation de la dette Covid-19 est « inenvisageable » et serait « une violation du traité européen qui interdit strictement le financement monétaire des Etats », a souligné, dans le Journal du dimanche du 7 février, la présidente de la Banque centrale européenne (BCE) Christine Lagarde.
« Cette règle constitue l’un des piliers fondamentaux de l’euro, a expliqué Christine Lagarde dans l’hebdomadaire français. Si l’énergie dépensée à réclamer une annulation de la dette par la BCE était consacrée à un débat sur l’utilisation de cette dette, ce serait beaucoup plus utile ! À quoi sera affectée la dépense publique ? Sur quels secteurs d’avenir investir ? Voilà le sujet essentiel aujourd’hui. »
Plus de 100 économistes ont lancé vendredi un appel à annuler les dettes publiques détenues par la BCE pour faciliter la reconstruction sociale et écologique après la pandémie de Covid-19.
« Nous nous devons à nous-mêmes 25 % de notre dette et si nous remboursons cette somme, nous devrons la trouver ailleurs, soit en réempruntant pour faire rouler la dette au lieu d’emprunter pour investir, soit en augmentant les impôts, soit en baissant les dépenses », expliquent ces économistes, parmi lesquels cinquante Français, dont Thomas Piketty (Ecole d’économie de Paris), l’ancien ministre belge Paul Magnette et l’ancien commissaire européen hongrois Andor Lazlo.
Une reprise « fédératrice »
« Tous les pays de la zone euro émergeront de cette crise avec des niveaux de dette élevés », a estimé Christine Lagarde dans le JDD. Mais « il ne fait aucun doute qu’ils parviendront à la rembourser. Les dettes se gèrent dans le temps long. Les investissements réalisés dans des secteurs déterminants pour l’avenir engendreront une croissance plus forte ».
« La reprise sera créatrice d’emplois, et donc fédératrice. Nous allons vers une autre économie, plus numérique, plus verte, plus engagée face au changement climatique et pour le maintien de la biodiversité », déclare-t-elle encore.
Dans l’immédiat, elle estime que « 2021 sera une année de reprise. La reprise économique a été retardée, mais non battue en brèche. Elle est évidemment attendue avec impatience ». Toutefois, « nous ne sommes pas à l’abri de risques encore inconnus », et « nous ne retrouverons pas les niveaux d’activité économique d’avant la pandémie avant mi-2022 », a-t-elle prévenu.
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