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Les tabloïds britanniques accusés de misogynie

La députée travailliste Angela Rayner (au centre) à la Chambre des communes, à Londres, le 2 mars 2022. UK PARLIAMENT/JESSICA TAYLOR / VIA REUTERS

L’histoire est grotesque, parfaitement misogyne et illustre la pauvreté du débat politique dans certains tabloïds britanniques. Dimanche 24 avril, le Mail on Sunday consacre sa « une » à la députée Angela Rayner, numéro deux du Parti travailliste, avec ce titre : « Des tories accusent d’utiliser la stratégie Basic Instinct pour déconcentrer Boris. » En appui de l’article, une photographie de Mme Rayner, assise sur les bancs de l’opposition à la Chambre des communes, longue chevelure rousse, collants noirs et jambes croisées. Plus bas, un autre cliché, cette fois de Sharon Stone dans Basic Instinct, le fameux film du début des années 1990, qui a transformé l’actrice américaine en icône sexuelle.

Les allégations des membres du parti conservateur sont anonymes, leurs arguments risibles et même injurieux au vu du parcours et des qualités de répartie de l’élue travailliste : « Elle [Angela Rayner] sait qu’elle ne peut pas concurrencer les qualités d’orateur acquises par Boris à l’Oxford Union [un des clubs les plus sélects de l’Université d’Oxford], mais elle a d’autres talents – qu’il n’a pas », prétend un député, cité par Glen Owen, le signataire de l’article et rédacteur en chef politique du tabloïd.

« Tout ça parce que je suis une femme »

Née il y a quarante-deux ans dans un milieu très modeste, Angela Rayner est tombée enceinte à 16 ans, a quitté l’école sans qualifications, mais elle a persévéré, suivi une formation d’assistante sociale, puis s’est révélée dans la lutte syndicale, au sein d’Unison, la principale centrale du service public britannique. « On me sous-estime souvent. Je suis jolie, j’ai de longs cheveux roux, beaucoup pensent que je suis stupide quand ils me voient pour la première fois », relève-t-elle dans un long portrait que lui a consacré le Guardian en 2012. En 2015, la jeune femme réussit à se faire élire à Ashton-under-Lyne, une circonscription de la région de Manchester, avant de gravir rapidement les échelons au sein du groupe parlementaire travailliste. Ces derniers mois, certains lui ont même prêté l’ambition de vouloir prendre la place du chef de file du parti, Keir Starmer.

Ces accusations sont « sexistes » a balayé Angela Rayner à propos du Mail on Sunday sur Twitter. « On m’accuse de comploter pour distraire le premier ministre, pour le neutraliser, tout ça parce que je suis une femme, que j’ai des jambes et que je porte des vêtements. Vous voyez le tableau. » Faisant allusion au scandale « partygate », ces fêtes à Downing Street en pleine pandémie, la députée ajoute : « Les soutiens de Boris Johnson ne savent plus quoi inventer pour tenter de sauver sa peau. »

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