Il y a celui qui s’est promis de ne plus jamais lire les actualités et qui ignore tout. Celle qui presse le pas et remonte son écharpe sur le nez. Ceux qui se contentent d’un grognement, ou d’un mot aussi lapidaire que prudent : « Je suis pour la paix », «Je suis avec Poutine »…
Tenter d’obtenir les réactions des Moscovites après l’initiative fracassante de leur président dans le dossier ukrainien, lundi 21 février, ce n’est pas seulement affronter une capitale pressée, c’est aussi toucher la plus profonde des réalités politiques russes : la grande indifférence et méfiance populaire pour tout ce qui touche à la sphère publique, même sur ces sujets internationaux omniprésents à la télévision, même pour cette Ukraine dont Vladimir Poutine ne cesse d’expliquer qu’elle est « plus qu’un voisin ».
Perce tout de même une tendance, une humeur : un soutien sans grand enthousiasme à l’action de Vladimir Poutine, que l’Occident aurait mis au pied du mur. C’est par exemple ce que dit Valentin Nekrassov, retraité de 57 ans : « Ce serait mieux si nous pouvions rester amis avec les Ukrainiens, mais nous n’avons pas le choix. Le président a dû prendre une décision difficile, celle de libérer lui-même le Donbass… »
Fatigués du climat de confrontation
Cette décision de reconnaître les républiques séparatistes comme des territoires « indépendants », escalade qui s’accompagne d’un risque de guerre évident, Lioubov Blagouchina, 44 ans, comptable, la soutient du bout des lèvres : « Avec les accords de Minsk bloqués, l’initiative diplomatique et le manque de bonne volonté côté ukrainien, le risque de guerre est là de toute façon. Mais c’est aussi la responsabilité de Poutine d’avoir creusé le fossé avec l’Ukraine depuis 2014. »
Les sondages sur cette dernière initiative présidentielle manquent, mais, début 2021, environ 50 % des Russes soutenaient une telle reconnaissance ou un rattachement des deux entités à la Russie, contre 25 % prônant leur retour dans le giron ukrainien. En revanche, seuls 17 % des Russes estiment que Russie et Ukraine devraient former un seul et même Etat.
D’autres études, plus anciennes, montrent une certaine fatigue face au climat de confrontation entretenu en permanence dans le pays. Si, en 2014, selon le centre analytique indépendant Levada, 26 % des sondés assuraient que « la Russie est entourée d’ennemis de tous les côtés », ils ne sont plus que 16 % à le penser en 2020. La crainte de la guerre, dans le même temps, s’est hissée en deuxième position des préoccupations des Russes.
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