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“Convoi de la liberté” : le Canada menace de recourir à la loi sur les mesures d’urgence

Le Premier ministre canadien, Justin Trudeau, a expliqué, lundi 14 février, qu’il envisageait de recourir à la loi sur les mesures d’urgence, après une semaine de blocages d’un axe frontalier stratégique, reliant le Canada aux États-Unis, par des opposants aux mesures sanitaires. 

Justin Trudeau s’est exprimé, lundi 14 février, au sujet de la contestation anti-mesures sanitaires qui est entrée dans sa troisième semaine et paralyse toujours la capitale fédérale Ottawa, notamment. À cette occasion, le Premier ministre canadien a déclaré qu’il envisageait de recourir à la loi sur les mesures d’urgence après une semaine de blocages d’un axe frontalier stratégique reliant le Canada aux États-Unis par les opposants. 

Alors que la police est parvenue, dimanche, à rouvrir le pont Ambassador, qui relie Windsor, en Ontario, à la ville américaine de Detroit, au Michigan, le Premier ministre canadien a évoqué dans la matinée avec des Premiers ministres provinciaux la possibilité d’utiliser cette disposition qui peut être invoquée en cas de « crise nationale ». 

La loi sur les mesures d’urgence n’a été utilisée qu’une seule fois en temps de paix, par le père de Justin Trudeau, lors de la crise d’octobre 1970. À l’époque elle s’appelait « loi sur les mesures de guerre ».   

Le gouvernement de Pierre Elliott Trudeau l’avait invoquée pour envoyer l’armée au Québec et prendre une série de mesures d’urgence, après l’enlèvement par le Front de libération du Québec d’un attaché commercial britannique, James Richard Cross, et d’un ministre québécois, Pierre Laporte. Ce dernier avait été libéré après des négociations, mais le ministre avait été retrouvé mort dans le coffre d’une voiture.  

« Avec cette loi, le gouvernement peut réquisitionner des biens, des services, des personnes. Le gouvernement peut dire aux gens où aller, où ne pas aller. Il y a vraiment peu de limites à ce que peut faire le gouvernement », a expliqué Geneviève Tellier, professeure d’études politiques à l’université d’Ottawa.   

Arrestations et saisie d’armes     

Lundi, la police canadienne a saisi des armes, des munitions et arrêté 11 personnes sur le blocage frontalier de Coutts en Alberta (ouest), point de passage avec les États-Unis paralysé depuis une semaine. Les autorités ont mis la main sur 13 armes d’épaule, des armes de poing, plusieurs ensembles de gilets pare-balles, une grande quantité de munitions.  

Le Premier ministre de l’Ontario – province canadienne la plus peuplée dans laquelle se trouvent les villes d’Ottawa et de Windsor – a annoncé, lundi matin, la levée prochaine de la quasi-totalité des mesures sanitaires, dont le passeport vaccinal.  

Mais à Ottawa, les opposants aux mesures sanitaires occupaient toujours les rues du centre-ville et notamment toujours la rue Wellington, devant le Parlement canadien. Quelque 400 camions sont installés, appuyés par une organisation bien rodée : tentes pour se réchauffer, feux de camp, stands de nourriture…  

Rien ne semble entamer leur détermination, malgré le risque pour eux, depuis l’instauration de l’état d’urgence vendredi, de recevoir une amende pouvant aller jusqu’à 100 000 dollars canadiens (69 500 euros) voire un an d’emprisonnement.    

Partir « n’est pas dans mes plans », expliquait lundi matin à l’AFP Phil Rioux, barbe de trois jours et yeux bleus au volant de son camion. « C’est en maintenant la pression qu’on a plus de chance d’arriver à notre but », explique le Québécois de 29 ans. 

La levée de l’ensemble des mesures sanitaires est réclamée par de nombreux contestataires, même si le mouvement est né, fin janvier, de l’opposition de camionneurs, qui doivent être vaccinés pour traverser la frontière entre le Canada et les États-Unis.     

Pression populaire     

Pendant ce temps, la colère monte dans la population canadienne devant la lenteur de la réaction des autorités, notamment sur les réseaux sociaux, où l’action de la police est fortement questionnée.   

« Au début je les soutenais mais maintenant c’est assez », estime Beatriz Sagastume, une habitante d’Ottawa contrainte de se déplacer à pied pour aller travailler.  

Comme plusieurs contre-manifestants ce week-end, elle réclame une sortie de crise et estime que c’est au Premier ministre, Justin Trudeau, de régler le problème.    

Cette mobilisation canadienne inédite continue de faire des émules ailleurs dans le monde. Après des manifestations similaires en Australie et en Nouvelle-Zélande, en Israël des milliers de voitures et de camions ont convergé vers Jérusalem depuis plusieurs villes du pays.   

En Europe, après avoir convergé vers Paris samedi, une partie des convois d’opposants aux restrictions sanitaires, dits « de la liberté », sont arrivés à Bruxelles, où la manifestation a été interdite. Les autorités belges ont bloqué une trentaine de véhicules qui s’apprêtaient à converger vers Bruxelles.   

À Strasbourg, les autorités ont prévenu qu’aucune manifestation ne serait autorisée aux abords du Parlement européen, réuni en session plénière. 

Avec AFP 

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