« Ne nous appelez surtout pas “gouvernement en exil” : nous sommes le seul gouvernement légitime de Birmanie, et 96 % de nos ministres sont restés au pays ! », prévient Aung Myo Min, le ministre des droits de l’homme du gouvernement d’unité nationale (NUG, selon son acronyme anglais), attablé dans un café du boulevard Montparnasse, à Paris. Surtout, donc, ne pas comparer devant lui le NUG à une sorte de « cabinet fantôme » formé à la hâte par une opposition désespérée à la suite du putsch des généraux birmans, le 1er février 2021. « Nous sommes, assure-t-il, un gouvernement composé de parlementaires élus au suffrage universel [lors des élections législatives de 2020], de représentants des ethnies minoritaires et de personnalités non partisanes. »
Aung Myo Min a rencontré des parlementaires, des sénateurs, des diplomates du Quai d’Orsay. « On aimerait que la France aille plus loin dans son soutien à notre cause, même si Paris ne reconnaît pas la légitimité du régime putschiste. »
Pour aussi démuni que soit le NUG face à la supériorité militaire du régime, l’opposition a réussi, en un an de « résistance », à recueillir l’adhésion d’un nombre considérable de Birmans dans un pays de tout temps écartelé. L’écrasante majorité des Birmans semble s’être trouvée un ennemi commun : la Tatmadaw – les forces armées. Depuis le coup d’Etat, des zones entières du pays ont été « libérées » par des guérillas et divers foyers d’insurrection locale – sous contrôle plus ou moins direct du NUG. Qui a, le 7 septembre, déclaré la « guerre totale » à l’armée putschiste.
Aung Myo Min n’est affilié à aucune formation politique. Il n’appartenait pas au sérail du gouvernement renversé de la dirigeante Aung San Suu Kyi, aujourd’hui emprisonnée par la junte. Il est critique à l’égard de l’ex-Dame de Rangoun, icône encore révérée par nombre de Birmans : « Quand elle était au pouvoir, même si elle n’a pas écarté la possibilité de crimes de guerre [commis en 2016 et 2017 par les militaires à l’encontre de la minorité musulmane des Rohingya], elle s’est révélée incapable de se tenir aux côtés de ceux qui demandaient justice pour les victimes. Elle n’a pas su vraiment comprendre la mentalité de l’armée », analyse le ministre. « Oui, elle m’a déçu », dit-il.
Faire avancer la cause LGBT
A 53 ans, l’homme est un « vieux » militant des causes démocratiques : il a participé aux manifestations étudiantes du mouvement antirégime militaire de 1988 ; il a subi l’exil durant les années de la dictature précédente, « autodissoute » en 2010 ; il est revenu en Birmanie en 2015, jusqu’à ce que le coup d’Etat de 2021 le contraigne à reprendre son bâton de pèlerin pour aller dénoncer dans le vaste monde les libertés à nouveau confisquées au Myanmar (nom officiel de la Birmanie).
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