En présentant le programme du conseil des ministres des affaires étrangères qui devait se tenir lundi 24 janvier, à Bruxelles, des diplomates de l’Union européenne (UE) jouaient, à la fin de la semaine dernière, une partition connue : la célébration d’une prétendue unité indéfectible des Vingt-Sept leur permettant de définir une position commune face à une Russie qui continue de menacer l’Ukraine.
Evoqué à plusieurs reprises, le programme de sanctions qui serait imposé à Moscou en cas d’agression militaire est, en fait, toujours en discussion. « Le travail est en cours et s’accélère, indiquait, ces derniers jours, une source diplomatique. Le coût serait massif, les conséquences importantes. Mais pas question d’aller plus vite que la musique. » En clair, pas d’annonce officielle avant un éventuel mouvement des troupes russes. Et pas question, non plus, de dévoiler au Kremlin le contenu d’une possible réplique, annoncée comme « rapide et extrêmement claire », qui serait déclenchée au cas où « toute action agressive vis-à-vis de l’Ukraine » serait entreprise.
« En réalité, ce scénario aurait dû être prêt bien plus tôt, objecte Sven Biscop, professeur de stratégie à l’université de Gand et directeur du programme “Europe dans le monde” au groupe de réflexion Egmont, à Bruxelles. Aujourd’hui, l’Europe ne fait que réagir alors qu’elle aurait dû élaborer son projet et le soumettre aux Etats-Unis. »
Deux événements ont semé le trouble
En était-elle capable ? Lundi, les Vingt-Sept devaient souligner une fois encore leur « très forte coordination ». Entre eux et avec Washington. Et ils devaient adopter à l’unanimité un texte annoncé comme « très clair, malgré des intérêts et des sensibilités différentes », selon un diplomate.
Comme il a ressoudé l’OTAN, le président russe, Vladimir Poutine a, par ses menaces, ses déclarations et ses exigences à l’endroit des pays occidentaux, fait taire temporairement les dissonances du camp européen, toujours partagé entre les tenants d’une fermeté à tout prix et ceux qui, France et Allemagne en tête, entendent maintenir un « canal de dialogue » avec le Kremlin. Les premiers, qui partagent pour la plupart une frontière avec la Russie, ne font en réalité confiance qu’aux Etats-Unis, et non à l’UE, pour assurer leur sécurité.
Les seconds tentent d’allier volonté de conciliation et fermeté, tout en sachant que des sanctions décrétées demain ne seraient peut-être pas plus efficaces que celles appliquées après l’annexion de la Crimée en 2014. « Leur coût n’a pas été assez fort pour favoriser un retrait russe mais il a simplement signalé ce que les Européens jugeaient inacceptable », analyse M. Biscop.
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