Les Etats-Unis ont placé jeudi des sociétés de biotechnologies chinoises sur une liste noire du ministère du Commerce, les accusant de contribuer à amplifier la surveillance de la minorité ouïghoure de la province chinoise du Xinjiang.
Déplorant sans relâche la violation des droits humains et pointant les menaces pour la sécurité nationale américaine, l’administration du président Joe Biden multiplie les sanctions économiques contre les intérêts chinois, contribuant à la détérioration des relations diplomatiques avec Pékin.
Washington a ainsi annoncé mercredi des sanctions visant cinq entités chinoises accusées de favoriser le trafic d’opiacés de synthèse, responsables d’un nombre record de décès par surdose aux Etats-Unis. Pékin a fustigé ces mesures « non constructives ».
Le ministère du Commerce américain a cette fois décidé de s’attaquer à la haute technologie chinoise qui serait utilisée pour violer les droits des Ouïghours.
Des groupes de défense des droits humains ont rapporté que la Chine exerçait une surveillance sans précédent de la population ouïghoure, majoritairement musulmane, dans la région nord-ouest du Xinjiang, via des recherches sur l’ADN et des opérations d’intelligence artificielle pour de la reconnaissance faciale.
« La recherche scientifique en biotechnologie et en innovation médicale peut sauver des vies. Malheureusement, la République populaire de Chine choisit d’utiliser ces technologies pour contrôler son peuple et réprimer les membres des groupes minoritaires ethniques et religieux », a déploré la secrétaire américaine au Commerce Gina Raimondo, pour justifier les nouvelles sanctions.
Les instituts de recherche visés par les dernières actions américaines comprennent des centres axés sur les transfusions sanguines, la bio-ingénierie et la toxicologie.
« Les Etats-Unis continueront de s’opposer fermement aux efforts de la Chine et de l’Iran pour transformer des outils contribuant à la prospérité de l’humanité en outils menaçant la sécurité et la stabilité mondiales », a souligné Gina Raimondo.
Au total, 37 entités ont été ajoutées à la liste des entreprises accusées d’être impliquées dans des activités « contraires à la politique étrangère et aux intérêts de sécurité nationale des Etats-Unis ».
La liste comprend des entreprises chinoises mais aussi des firmes de Géorgie, de Malaisie et de Turquie, selon le document qui doit être publié au journal officiel vendredi.
– Intensification –
Concrètement, Washington a décidé de restreindre les exportations sensibles vers l’Académie des sciences médicales militaires et 11 de ses instituts de recherche en raison de ses travaux de biotechnologie, y compris « de prétendues armes de contrôle du cerveau », détaille-t-il.
Des experts, des témoins et le gouvernement américain affirment que plus d’un million d’Ouïghours et d’autres musulmans turcophones sont incarcérés dans des camps dans le but d’extirper leurs traditions culturelles islamiques et de les homogénéiser de force.
Les Etats-Unis ont qualifié la campagne de génocide et, invoquant les problèmes de droits humains, prévoient un boycott de la représentation officielle aux Jeux d’hiver de Pékin l’année prochaine.
Pékin affirme qu’il s’agit de centres de formation professionnelle et que, comme de nombreux pays occidentaux, le gouvernement cherche à réduire l’attrait de l’islam radical à la suite d’attentats meurtriers.
Mais les Etats-Unis ne sont pas près de relâcher la pression. Ils devraient même prochainement devenir le premier pays à interdire toutes les importations en provenance du Xinjiang, arguant que le travail dans les camps est si répandu qu’il est difficile de séparer les produits qui sont fabriqués dans ces conditions des autres marchandises.
Après de longues négociations, démocrates et républicains, ainsi que l’administration Biden, sont parvenus à un accord sur la loi ouïghoure sur la prévention du travail forcé qui interdira l’importation de toutes les marchandises en provenance de la région, à moins qu’il n’existe une preuve tangible que la production n’implique pas de travail forcé.
Le Xinjiang est une source d’approvisionnement majeure de coton. Le Workers Rights Consortium, qui surveille les usines, estime que 20% des vêtements importés aux États-Unis chaque année contiennent la matière en provenance de cette région.
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