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En rendant le vaccin obligatoire, l’Autriche brise en tabou

Le marché de Noël à Vienne, le 12 novembre 2021. GEORG HOCHMUTH / AFP

Est-ce de l’innovation ou de la panique ? Face à la quatrième vague de Covid-19, la petite Autriche a en tout cas décidé de prendre une nouvelle fois des décisions radicales et uniques en Europe, vendredi 19 novembre, en décidant à la fois de réintroduire lundi un confinement général et, à partir de février 2022, d’imposer le vaccin à toute sa population adulte. Ces deux décisions sont encore du jamais vu à ce stade de l’épidémie ailleurs en Europe, tout comme l’était déjà le « confinement des non vaccinés », entré en vigueur lundi 15 novembre mais déclaré obsolète à peine quatre jours plus tard.

« Nous n’avons pas d’autre choix », a martelé le chancelier conservateur Alexander Schallenberg en présentant la liste de ces restrictions négociées toute la nuit avec les gouverneurs régionaux et ses partenaires de coalition écologistes depuis Innsbruck, dans le Tyrol. « Nos soins intensifs débordent », a-t-il plaidé, alors que 520 patients sont actuellement hospitalisés en réanimation dans tout le pays, soit un niveau équivalent à celui d’avril, mais en dessous des records observés lors de la deuxième et troisième vagues.

Mais dans un pays réputé pour son sens de l’organisation, pas question de risquer d’être débordé, même si des Etats voisins où la situation est encore plus dégradée, comme la Slovénie, la République tchèque ou la Slovaquie, refusent pour l’instant de suivre une voie aussi radicale. L’Allemagne et la Belgique ont certes également décidé ces derniers jours de rendre la vaccination obligatoire, mais pour les seuls soignants. Aucun autre pays ne veut pour l’instant retourner dans un confinement généralisé, même si plusieurs ont restreint l’usage du passe sanitaire aux seuls vaccinés et guéris, privant les non-vaccinés de restaurants ou de sorties culturelles.

Une société réticente à la vaccination

Un manifestant tient une pancarte sur laquelle on peut lire « Non à la vaccination obligatoire » lors d’une manifestation anti-vaccination sur la Ballhausplatz à Vienne, le 14 novembre 2021. GEORG HOCHMUTH / AFP

« Les experts disent que les mesures que nous avons prises ne vont pas suffire, or il faut casser cette quatrième vague », a défendu le ministre de la santé (écologiste) Wolfgang Mückstein, pour justifier le retour d’un confinement strict et généralisé pour une durée de « vingt jours ». Par rapport aux confinements précédents, seules les écoles resteront ouvertes, mais les autorités poussent tout de même les parents à garder leurs enfants chez eux. Restaurants, commerces non essentiels et institutions culturelles baisseront le rideau dès lundi.

L’origine de ce retour inattendu du confinement est d’abord à chercher derrière « le taux honteusement bas de vaccination », comme le définit M. Schallenberg. A peine 65,7 % des 8,9 millions d’Autrichiens ont reçu deux doses de vaccin, un chiffre en dessous de la moyenne européenne (67 %) et loin derrière la France (75 %). Même si les contaminations ont aussi explosé chez les vaccinés ce qui explique le taux d’incidence dépassant les 1 000 cas pour 100 000, 90 % des malades en soins intensifs ne sont pas vaccinés. « Nous avons cru pendant trop longtemps que ce serait possible de convaincre les gens de se vacciner volontairement, mais on doit regarder la réalité dans les yeux », a avancé le chancelier pour justifier le choix de passer au mode obligatoire, un tabou dans ce pays où il n’existe aucune obligation vaccinale, même chez les enfants.

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