La coalition au pouvoir au Japon du Premier ministre, Fumio Kishida, dont l’image a été ternie par sa mauvaise gestion de la crise sanitaire, devrait garder sa majorité absolue aux législatives, dimanche. Mais, selon les premières estimations de médias locaux, au prix de plusieurs dizaines de sièges au Parlement.
Au Japon, le Premier ministre, Fumio Kishida, est en passe de se maintenir au pouvoir malgré le net recul de sa formation, le Parti libéral-démocrate (PLD) lors des législatives de dimanche 31 octobre. La coalition au pouvoir devrait conserver sa majorité parlementaire, tout en subissant une perte notable de sièges, selon les estimations de médias locaux après la fermeture des bureaux de vote.
« Je crois que nous avons obtenu une confiance très précieuse » des électeurs, a déclaré dimanche soir Fumio Kishida à la presse, tentant de faire bonne figure.
Le scrutin était un test de confiance pour Fumio Kishida, qui avait convoqué ces élections quelques jours après sa prise de fonction au début du mois, en remplacement de Yoshihide Suga qui avait lui-même succédé à Shinzo Abe en septembre 2020.
Alors qu’elle disposait de 305 sièges sur 465 à la Chambre basse des représentants à la fin de la dernière législature, la coalition formée par le Parti libéral-démocrate de Fumio Kishida (PLD, droite conservatrice) et le parti Komeito (centre-droit) devrait remporter au moins 261 sièges, selon la chaîne de télévision publique NHK.
Même si Fumio Kishida a donc atteint son objectif d’une majorité absolue minimum de 233 sièges pour la coalition, l’issue du scrutin, si elle se confirmait, serait un sérieux avertissement.
Toujours selon la NHK, le PLD seul aurait récolté au moins 234 sièges, alors qu’il en détenait 276 précédemment. Il s’agit de la plus faible performance pour le parti depuis sa défaite fracassante aux législatives de 2009. Depuis son retour aux commandes en 2012, le PLD avait toujours contrôlé au moins 60 % de la Chambre basse du Parlement à lui tout seul.
« le Parlement plus difficile à diriger »
De manière inédite, cinq partis d’opposition, dont le principal d’entre eux, le Parti démocrate constitutionnel (PDC, centre-gauche), s’étaient associés dans de nombreuses circonscriptions pour ces élections.
Mais bien plus que cette alliance, c’est un parti populiste originaire d’Osaka (ouest), le Parti japonais de l’innovation (Nippon Ishin no kai), qui aurait fait un bond spectaculaire, obtenant au moins une trentaine de sièges, trois fois plus qu’en 2017.
Ce recul dans les urnes du principal parti au pouvoir devrait le rendre plus dépendant du parti bouddhiste Komeito, hostile au redémarrage des centrales nucléaires arrêtées à la suite de l’accident de Fukushima en 2011, et traditionnellement plus bienveillant envers la Chine que les conservateurs.
« Le recul de la coalition gouvernementale pourrait rendre le Parlement plus difficile à diriger », souligne Airo Hino, professeur de sciences politiques à l’université Waseda de Tokyo.
Pas d’état de grâce
La donne a en effet beaucoup changé depuis les précédentes législatives de 2017. Shinzo Abe, qui semblait inoxydable au poste de Premier ministre depuis 2012, a démissionné en septembre 2020 pour des raisons de santé.
Son successeur Yoshihide Suga n’a tenu qu’un an, victime d’une impopularité record en raison de sa gestion maladroite de la crise sanitaire liée au Covid-19 et de son obstination à maintenir les Jeux olympiques de Tokyo l’été dernier, malgré l’opposition d’une majorité de Japonais.
Devenu président du PLD fin septembre, puis nommé Premier ministre par le Parlement début octobre, Fumio Kishida, 64 ans, n’a pas bénéficié d’un état de grâce.
Peu charismatique, le Premier ministre japonais n’a pas bénéficié d’un état de grâce dans l’opinion publique : sa popularité gravitait autour de 50 % début octobre, l’une des plus faibles pour un nouveau dirigeant japonais depuis vingt ans. Ce qui interrogeait sur sa capacité à durer au pouvoir, et encore davantage après la victoire électorale mitigée du PLD.
Covid-19 et économie
Ces élections devraient provoquer des remous au sein du PLD au sujet de Fumio Kishida. Cet ancien banquier va devoir faire ses preuves sur le plan économique s’il veut remporter les élections l’an prochain.
La pandémie et l’économie, dont la reprise reste poussive au Japon, ont été les grands thèmes de la campagne électorale qui n’aura duré que 17 jours.
Le mécontentement de certains électeurs envers le PLD était palpable dans les bureaux de vote. Les mesures contre le coronavirus depuis 2020 ont été « désordonnées », a affirmé à l’AFP Takashi Shima, 51 ans. Chihiro Sato, mère de famille de 38 ans, a surtout pensé aux difficultés : « L’économie souffre à cause du coronavirus », avait-elle noté après avoir voté, dimanche matin, à Tokyo.
Tout en ayant fait de la lutte contre le Covid-19 sa priorité numéro un, Fumio Kishida a aussi promis un nouveau plan de relance budgétaire massif très rapidement et a dit vouloir combattre les inégalités sociales grandissantes au Japon depuis la pandémie, mais son projet de « nouveau capitalisme » reste pour l’instant très flou.
Il plaide aussi pour la relance du nucléaire civil au Japon, dont l’usage est très limité depuis la catastrophe de Fukushima en 2011 et qui demeure un sujet sensible dans l’opinion publique.
Dimanche soir, Fumio Kishida a répété qu’il mettrait en œuvre ce qu’il a promis : « Je pense que cela conduira à un soutien plus grand et plus large de la population ».
Le nombre d’infections au coronavirus a chuté dernièrement au Japon, après avoir atteint des records en août. Par ailleurs, après un démarrage laborieux, la vaccination a accéléré dans le pays : plus de 71 % des habitants ont désormais reçu deux injections.
Avec AFP et Reuters
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