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« Trésors de Mésopotamie. Des archéologues face à Daech », sur Arte : une arche de Noé numérique pour le patrimoine

La ziggourat de Borsippa, la cité antique du dieu du savoir et de la sagesse, en Mésopotamie, aujourd’hui Birs Nimrud, à environ 20 km au sud-ouest de Babylone, en Irak. LES FILMS GRAIN DE SABLE

ARTE – SAMEDI 25 SEPTEMBRE À 20 H 50 – DOCUMENTAIRE

C’est sur les pas de Jawad Bashara qu’Arte nous emmène à la (re)découverte du patrimoine laissé par la première civilisation apparue cinq mille ans avant Jésus-Christ, dans le Croissant fertile, entre le Tigre et l’Euphrate. Cet écrivain et journaliste irakien de 64 ans, exilé en France depuis la dictature de Saddam Hussein, fut bouleversé par les destructions infligées aux sites mésopotamiens dans le nord de l’Irak par l’organisation Etat islamique (EI) entre 2014 et 2017. Il s’est donc mis en quête de sauver et préserver ce patrimoine en danger.

Durant trois ans, au moyen des nouvelles technologies et de la 3D, et avec l’aide d’archéologues réputés, ses équipes ont modélisé monuments et objets pour constituer une arche de Noé numérique. Du sud au nord de l’Irak, au gré de la reconquête des territoires aux mains de l’EI, des équipes internationales d’archéologues ont pu reprendre leurs fouilles, après un hiatus de plus de trente ans, des sites préservés de l’invasion djihadiste à ceux en partie ou totalement détruits par Daech (acronyme arabe de l’EI).

Reconstitutions virtuelles

Cette quête, agrémentée d’entretiens avec des spécialistes, d’extraits de textes anciens et de reconstitutions virtuelles, compose un documentaire riche et passionnant qui retrace les nombreux apports de la Mésopotamie, berceau de l’humanité, au monde : invention de l’écriture, perfectionnement de l’agriculture et de l’architecture, premières cités-Etats…

En avril 2016, Jawad Bashara revient pour la première fois dans sa ville natale, Babel (Babylone). Il entame sa mission dans les marais irakiens, un écosystème où les habitants continuent à vivre selon le mode de vie ancestral et les techniques héritées de l’ère de Sumer : le tressage du roseau et la construction en argile. La tradition du moudhif s’est perpétuée. Dans ces cathédrales végétales où se rassemble la communauté ont été transmis les mythes fondateurs, tels que l’épopée de Gilgamesh, dont le récit du déluge a inspiré l’épisode biblique de l’arche de Noé.

La volonté de maîtriser cette nature peu clémente fut à l’origine de l’invention de la ziggourat, une tour carrée à étages faite de briques d’argile, qui est devenue le symbole de la civilisation mésopotamienne. Celle de Nimroud, dans le nord du pays, a été rasée au bulldozer par l’EI.

Dans le sud du pays, toutes n’ont pas résisté à l’usure du temps. On en devine les traces à Eridu et Larsa, où fouillent les archéologues français Philippe Quenet et Régis Vallet. Elles servaient d’espace à la mise en scène du pouvoir, politique et religieux, dans une organisation sociale inédite, qui consacre la répartition des tâches et la spécialisation des métiers. L’écriture cunéiforme, dont les plus anciennes tablettes ont été retrouvées à Uruk, première cité-Etat, a accompagné le développement de cette vie urbaine.

Le périple s’achève à l’antique Babylone (à une soixantaine de kilomètres au sud de Bagdad), où la civilisation mésopotamienne connut son apogée avant l’avènement de l’empire perse, en 539 avant J.-C. Avant de partir, le journaliste écrivain modélise les bases de la ziggourat, découvertes en 1920, lieu probable de la mythique tour de Babel, érigée, selon la tradition biblique, par le roi Nimroud en défi aux dieux pour éviter un second déluge.

Trésors de Mésopotamie. Des archéologues face à Daech, d’Ivan Erhel, Jean-Christophe Vaguelsy, Sallah-Edine Ben Jamaa et Pascal Cuissot (Fr., 2021, 90 min). Sur Arte.tv jusqu’au 1er novembre.

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