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Crise des sous-marins : « Ce n’est pas que la France qui est écartée du réalignement des alliances dans l’Indo-Pacifique, c’est aussi l’Europe »

Chronique. Il était de bon ton de plaisanter, à Paris, en 2020 pendant la campagne présidentielle américaine, sur un deuxième mandat de Donald Trump : assurément, ce serait une bonne chose pour l’Europe ! Jamais, en effet, un président américain n’avait autant réussi à unir les Européens – contre lui. Trump, son America First et sa grossièreté étaient, finalement, le meilleur argument de vente du concept d’autonomie stratégique poussé par la France pour l’Union européenne.

C’est Joe Biden, auréolé d’une image de social-démocrate sur le retour, qui a gagné et les Européens ont poussé un immense soupir de soulagement. Y compris les Français, qui, malgré la boutade, avaient compris qu’une relation transatlantique plus fluide et plus ouverte servait les intérêts de tout le monde. Ils ont même imaginé qu’une plus grande autonomie européenne pourrait arranger la nouvelle équipe à la Maison Blanche, si occupée sur deux fronts prioritaires : reconstruire les Etats-Unis et tenir tête à la Chine.

Huit mois plus tard, c’est la douche froide. La France prend une gifle monumentale en apprenant que Washington, Canberra et Londres ont négocié pendant six mois une nouvelle alliance de sécurité derrière son dos. Ce dispositif trilatéral, qui répond au doux nom d’Aukus, a une double conséquence pour la France : la rupture du contrat de 2016, aux termes duquel elle devait fournir 12 sous-marins à l’Australie, mais surtout son exclusion d’une stratégie commune dans l’Indo-Pacifique, théâtre crucial de l’affrontement sino-américain. L’Australie était un point d’appui important de la stratégie française ; il lui échappe. Canberra se place fermement dans le giron des Etats-Unis, qui lui fourniront huit sous-marins à propulsion nucléaire. Et le partenaire européen choisi par Washington pour compléter ce trio de l’Aukus n’est autre que la Grande-Bretagne, c’est-à-dire un partenaire hors-UE.

Macron fait lanterner Biden

Ce n’est donc pas seulement la France qui est écartée de ce réalignement des alliances dans l’Indo-Pacifique pour faire face à la Chine, c’est aussi l’UE. Voilà pourquoi Paris, passé le moment de sidération à l’annonce de l’Aukus, le 16 septembre, s’est employé à rallier le soutien des Européens dans la crise qui a éclaté avec Washington. D’abord parce qu’on est plus forts à plusieurs que tout seul ; mais aussi parce que, par delà le différend sur un contrat bilatéral, dans lequel une firme allemande était d’ailleurs en concurrence avec le français Naval Group, les Européens ont un intérêt commun à défendre leur position dans le réalignement que les Etats-Unis opèrent en Asie.

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