France World

Budget 2022: le bar des dépenses reste ouvert

Le « quoi qu’il en coûte », c’est fini assurait Bruno Le Maire le 25 août, alors qu’il ferme petit à petit les vannes des aides massives (du Fonds de solidarité au chômage partiel) accordées par le gouvernement depuis un an pour faire face à la sévère crise provoquée par la lutte contre le Covid-19. Vraiment? A l’heure où le ministre de l’Economie présente, ce 22 septembre, le budget 2022, le dernier du mandat d’Emmanuel Macron, force est de constater que quand il n’y en a plus, il y en a encore. Car après la pandémie s’ouvre la campagne présidentielle, pas vraiment le moment où on a envie de dire que la fête est finie et qu’il est temps de payer les musiciens!

Quasi pas un jour, en cette rentrée, sans que le chef de l’Etat ne fasse une promesse dépensière. Il y a eu le plan pour Marseille (1,5 milliard), les augmentations de salaires des profs (245 millions), et celle des soignants (Ségur de la santé) que l’on a étendue aux aides à domicile (300 millions) et aux sage-femmes (40 millions), les fonds pour améliorer la paie et les équipements des forces de l’ordre (Beauvau de la sécurité, 500 millions après déjà 1 milliard en juillet), les chèques attribués aux

coûte », c’est fini assurait Bruno Le Maire le 25 août, alors qu’il ferme petit à petit les vannes des aides massives (du Fonds de solidarité au chômage partiel) accordées par le gouvernement depuis un an pour faire face à la sévère crise provoquée par la lutte contre le Covid-19. Vraiment? A l’heure où le ministre de l’Economie présente, ce 22 septembre, le budget 2022, le dernier du mandat d’Emmanuel Macron, force est de constater que quand il n’y en a plus, il y en a encore. Car après la pandémie s’ouvre la campagne présidentielle, pas vraiment le moment où on a envie de dire que la fête est finie et qu’il est temps de payer les musiciens!

Quasi pas un jour, en cette rentrée, sans que le chef de l’Etat ne fasse une promesse dépensière. Il y a eu le plan pour Marseille (1,5 milliard), les augmentations de salaires des profs (245 millions), et celle des soignants (Ségur de la santé) que l’on a étendue aux aides à domicile (300 millions) et aux sage-femmes (40 millions), les fonds pour améliorer la paie et les équipements des forces de l’ordre (Beauvau de la sécurité, 500 millions après déjà 1 milliard en juillet), les chèques attribués aux ménages modestes pour atténuer la flambée des prix de l’énergie (580 millions), le boost à la rénovation énergétique des logements (MaPrimeRénov’, 2 milliards), la gratuité de contraception pour les femmes jusqu’à 25 ans (21 millions), le plan pour améliorer le statut des indépendants (300 millions), l’assurance récolte aux agriculteurs (600 millions par an). Et c’est sans compter sur deux grosses annonces attendues dans les prochaines semaines d’instaurer un « revenu d’engagement » pour certains jeunes chiffré à 1 à 2 milliards, et un nouveau plan de relance « France 2030 » qui avoisinerait les 30 milliards!

Le pari de la croissance

Certes, tous ces milliards ne pèseront pas sur le budget présenté pour l’an prochain:  il y a dans cet inventaire à la Prévert des montants piochés dans des enveloppes existantes, des mesures ponctuelles qui affecteront les comptes 2021, d’autres au contraire dont le coût sera étalé bien au-delà de 2022… et d’autres, annuelles, donc désormais récurrentes. Pour autant, la facture sera lourde, de 15 à 20 milliards en comptant le budget de l’Etat et celui de la Sécurité sociale. Surtout, ces mesures ont en commun qu’aucune ne semble financée autrement que par la dette.

Lire aussiDéficit public: le match France-Allemagne en trois leçons

Pourquoi se priver alors que la « coronacrise » a fait sauter tous les carcans budgétaires et monétaires? Le président Macron, qui n’a jamais été un ayatollah de l’austérité, bénéficie d’une configuration idéale pour sa campagne de réélection non encore officialisée. Bruxelles lui laisse un chèque en blanc alors que les règles de Maastricht -une dette ne dépassant pas 60% du PIB et un déficit public limité à maximum 3% du PIB- ont été suspendues jusqu’en 2023, là où ses prédécesseurs devaient s’évertuer (en vain) à rentrer dans les clous. Et la dette, qui inquiétait jadis les économistes et l’opinion publique, ne coûte aujourd’hui rien tant que l’accommodante Banque centrale européenne continue, comme elle le fait depuis dix-huit mois, à en racheter quasi l’intégralité. A ceux qui y trouveraient à redire, il suffit de rappeler les leçons de l’après-crise financière de 2008, où les resserrements de vis trop brutaux ont étouffé la reprise en Europe. Plus question de trop freiner sur la dépense ou d’augmenter les impôts, Emmanuel Macron mise tout sur la croissance, c’est elle qui pourvoira au comblement des déficits, à la réduction de la dette…

Surenchère dépensière

Du coup, alors que la dette est attendue à 114% du PIB en 2022 et le déficit public à 4,8%, cette campagne présidentielle s’engage dans une euphorie dépensière générale. Certes, les opposants de droite attaquent le chef de l’Etat sur son non-sérieux budgétaire. « Emmanuel Macron fait campagne avec le chéquier de la France » accuse Xavier Bertrand. Il est en train de « cramer la caisse » renchérit Valérie Pécresse. Mais avec quelle crédibilité alors que le premier veut réduire de moitié les impôts de production sur les entreprises, ce qui baisserait les recettes fiscales de 25 milliards, et que la seconde souhaite baisser les charges pour augmenter de 10% le salaire net jusqu’à 2,5 smic, ce qui augmenterait les dépenses de 25 milliards? On est bien loin de François Fillon qui, en 2017, jurait de réduire de 100 milliards sur cinq ans la dépense publique. A gauche, la candidate socialiste Anne Hidalgo propose de doubler les salaires des enseignants, soit un coût de 35 milliards, et les écologistes ont multiplié les promesses de dépenses non chiffrées pour mieux faire passer la facture de la transition écologique. Au rassemblement national, Marine Le Pen maintient son projet de ramener l’âge de la retraite à 60 ans (avec 40 ans de cotisations) ce qui, selon Bercy, coûterait 40 milliards.

Difficile cependant d’imaginer qu’il n’y ait plus d’effets secondaires douloureux à cette dangereuse addiction aux deniers publics. L’argent ne restera pas magique et Paris devra de nouveau rendre des comptes à Bruxelles. Les comparaisons vont revenir avec la bien plus vertueuse Allemagne. Et même si le regard sur la dépense de l’Etat-providence a changé au vu de son efficacité à contrer la crise économique, la question est moins celle de sa quantité que de sa qualité. Dépense-t-on pour vivre au-dessus de ses moyens ou investit-on pour préparer l’avenir? Un beau débat pour la présidentielle…

]

Source

L’article Budget 2022: le bar des dépenses reste ouvert est apparu en premier sur zimo news.