Les derniers tuyaux ont été posés. Trois ans et demi après le début des travaux, le très controversé gazoduc Nord Stream 2 est achevé, a annoncé le géant russe Gazprom, vendredi 10 septembre. Compte tenu des résistances qu’il suscite, nul ne sait toutefois quand et dans quelles conditions ce pipeline de 1 200 kilomètres reliant la Russie à l’Allemagne via la mer Baltique entrera en service.
A Moscou, l’annonce a été faite sans triomphalisme. Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, s’est refusé à évoquer une quelconque « victoire ». Les médias russes, eux, ont repris la nouvelle avec une sobriété inhabituelle.
Il s’agit d’abord de coller à la ligne officielle qui veut que Nord Stream 2 – qui doit acheminer 55 milliards de mètres cubes de gaz par an – ne soit qu’un simple projet économique, et en aucun cas une arme géopolitique. Surtout, le succès russe est si évident qu’il ne demande aucune emphase. Face aux multiples empêchements qui ont menacé jusqu’à l’existence même du projet, Moscou a toujours affiché une détermination et un optimisme sans faille.
Menaces pour l’Ukraine
Sans surprise, l’Ukraine, qui considère depuis toujours que Nord Stream 2 représente pour elle un danger « extrêmement grave », a aussitôt réagi, dans un mélange d’amertume et de colère. L’ex-République soviétique, en guerre dans le Donbass contre des séparatistes prorusses soutenus par Moscou, a affirmé qu’elle allait « se battre contre ce projet politique russe jusqu’à son achèvement et après celui-ci, et même après le commencement des livraisons de gaz ».
Pour Kiev, la menace est non seulement économique – cela priverait le pays d’environ 2 milliards de dollars de revenus annuels liés aux droits de transit – mais aussi sécuritaire : selon les autorités, la Russie n’aura plus d’obstacle pour lancer une offensive puisqu’elle n’aura plus à se soucier de l’infrastructure gazière installée en Ukraine afin d’alimenter ses principaux clients européens. Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, a de nouveau mis en garde, vendredi, contre le risque d’une telle « escalade puissante de la part de la Russie ».
En Allemagne, l’annonce de la fin des travaux intervient deux semaines avant des élections législatives dont les résultats pèseront sur l’avenir du projet. Notamment ceux des Verts, qui sont opposés à Nord Stream 2 pour des raisons environnementales et stratégiques. « Les travaux sont terminés, mais l’étape de la certification ne fait que commencer. Les élections peuvent décider de mettre Gazprom face à quelques complications juridiques supplémentaires », a prévenu l’eurodéputé écologiste allemand Reinhard Bütikofer, sur Twitter.
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