« Nos propositions créeront 120.000 emplois nets dans le milieu agricole. » Dans un entretien au Télégramme, le maire de Grenoble et candidat à la primaire écologiste Eric Piolle fait campagne… sur le thème de la campagne. Un chiffre crédible ou un simple effet politique à quelques mois de la présidentielle? Pour avancer cet objectif, Eric Piolle rappelle notamment que « la moitié des agriculteurs partent en retraite dans les dix prochaines années » et il envisage l’installation, à l’occasion de ces départs en retraite, de « fermes à l’échelle des communes pour produire du maraîchage et de l’agriculture locale ». Avec donc des créations d’emplois à la clé.
Mais le chiffre avancé de 120.000 emplois nets créés paraît « peu crédible » pour l’économiste spécialiste des questions agricoles Xavier Hollandts, également professeur à Kedge BS. Selon les derniers chiffres de l’Insee, on dénombrait en effet en France environ 400.000 agriculteurs exploitants en 2019, dont les trois-quarts sont des hommes. Il est vrai que plus de la moitié d’entre eux sont âgés de plus de 50 ans. On retrouve donc les départs à la retraite évoqués au cours des dix prochaines années. « Mais il n’y aura pas 120.000 repreneurs car le métier est difficile et le prix du foncier est un obstacle », assure Xavier Hollandts.
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Mais le chiffre avancé de 120.000 emplois nets créés paraît « peu crédible » pour l’économiste spécialiste des questions agricoles Xavier Hollandts, également professeur à Kedge BS. Selon les derniers chiffres de l’Insee, on dénombrait en effet en France environ 400.000 agriculteurs exploitants en 2019, dont les trois-quarts sont des hommes. Il est vrai que plus de la moitié d’entre eux sont âgés de plus de 50 ans. On retrouve donc les départs à la retraite évoqués au cours des dix prochaines années. « Mais il n’y aura pas 120.000 repreneurs car le métier est difficile et le prix du foncier est un obstacle », assure Xavier Hollandts.
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Si l’on se base sur les emplois agricoles dans leur globalité et pas uniquement les agriculteurs exploitants –on en dénombre alors quelque 1,2 million dans l’Hexagone–, le chiffre de 120.000 créations semble bien plus raisonnable. Mais seulement « dans l’hypothèse où le bio progresse rapidement », car l’agriculture biologique nécessite davantage de main d’œuvre. Or, si l’essor du bio est indéniable, il représente malgré tout aujourd’hui moins de 10% de la surface agricole en France. Et Xavier Hollandts de rappeler l’évolution démographique qu’a connu le monde agricole: « il y a de moins en moins d’agriculteurs en France, les exploitations ont besoin d’être de plus en plus grandes et avec la mécanisation et la robotisation, de moins en moins de main d’œuvre humaine est nécessaire. »
25.000 fermes communales, un chiffre ambitieux
Quant à la création de fermes communales évoquée par Eric Piolle, le spécialiste des questions agricoles reconnaît que « c’est très intéressant sur le papier ». Car cette initiative où la collectivité acquiert le bâti agricole et soutient l’installation d’agriculteurs apporte une solution au problème du foncier, un des principaux obstacles à l’installation ou à la reprise d’exploitation. Mais le chiffre de « 25.000 fermes communales d’ici à 2027 » mentionné par le maire de Grenoble paraît « trop ambitieux » à Xavier Hollandts. Rappelons que l’Hexagone compte quelque 35.000 communes, ce qui reviendrait à ce qu’en moyenne 7 communes sur 10 mettent en place une telle solution. Sans compter qu’un projet de ferme communale ne peut se réfléchir qu’au cas par cas, au plus près du terrain, selon la taille de la commune mais aussi pour éviter des situations de concurrence délicate dans le cas où un autre agriculteur aurait déjà développé un circuit court dans la zone…
A moins d’un an de la présidentielle et alors que la primaire écologiste doit se tenir en septembre, la déclaration d’Eric Piolle est donc éminemment politique, soutenant l’agriculture locale et s’inscrivant en faux face à l’agriculture intensive, taclant au passage la FNSEA. Mais même si les 120.000 créations d’emplois promises voyaient le jour, ces derniers trouveraient-ils bien preneurs? Lors du premier confinement, l’initiative « Des bras pour ton assiette » pour résoudre la pénurie de main d’œuvre avait suscité un fort engouement avant que le bilan soit ne relativisé: « Certains avaient minimisé la pénibilité, le côté répétitif du travail aux champs », avait noté la présidente de la FNSEA Christiane Lambert. Sans oublier que le travail agricole demande des compétences précises. Les objectifs affichés par Eric Piolle résisteront-ils à la réalité du terrain?
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