Il se trouve au coeur du scandale politique provoqué par la faillite de la société financière Greensill: l’ancien Premier ministre britannique David Cameron s’explique jeudi devant une commission parlementaire sur ses activités controversées de lobbyisme.
L’ex-dirigeant conservateur était conseiller de la société dont il détenait de lucratives stock options – qui ne valent aujourd’hui plus rien, l’entreprise de prêts s’étant effondrée en mars. Au delà des dégâts économiques considérables au sein des entreprises, l’affaire a eu des retombées politiques au Royaume-Uni et a ravivé le débat sur les liens étroits dans les hautes sphères politico-financières.
Dans des documents dévoilés mardi par la commission du Trésor, devant laquelle David Cameron s’exprime à partir de 13H30 GMT, il apparaît que l’ex-dirigeant conservateur et son équipe ont envoyé au total pas moins de 73 mails, SMS ou messages WhatsApp à des responsables gouvernementaux et financiers en moins de quatre mois en 2020.
Le ministre des Finances Rishi Sunak avait lui admis avoir « fait pression » sur ses équipes pour examiner la requête de M. Cameron pour le compte de Greensill, qui cherchait à bénéficier de subsides gouvernementaux dédiés à aider les PME face à la crise, mais in fine sans succès.
Une enquête indépendante a été lancée par le Premier ministre Boris Johnson.
– « Entière responsabilité » –
Après avoir gardé silence pendant des semaines, David Cameron avait publié mi-avril un long communiqué, assurant n’avoir violé « ni code de conduite ni règle du gouvernement », mais il avait reconnu que des « leçons » pouvaient être tirées et que « les communications avec le gouvernement doivent avoir lieu exclusivement par les canaux les plus formels ».
L’ex-dirigeant, au pouvoir de 2010 à 2016, avait embauché à Downing Street le fondateur de la société financière, le banquier australien Lex Greensill.
Auditionné mardi devant la commission du Trésor, ce dernier a endossé l’ »entière responsabilité » de la faillite de sa société mais s’est défendu de toute fraude dans ce scandale.
A propos de M. Cameron, il a expliqué que son conseil d’administration et lui-même avaient « décidé d’approcher David Cameron dans l’idée qu’il devienne notre conseiller (…) Nous réfléchissions à la manière dont nous pourrions développer et élargir la notoriété de notre marque en tant qu’entreprise ».
Il a expliqué que M. Cameron les avait « conseillés sur la croissance de (leur) entreprise », leur apportant notamment son « analyse » et sa « réflexion géopolitique ».
Lex Greensill, fils d’une famille de planteurs de canne à sucre, a fondé Greensill en 2011, une société financière spécialisée dans les prêts à court terme aux entreprises pour qu’elles paient leurs fournisseurs.
Sa société a grandi à l’abri des regards mais le château de cartes a fini par s’effondrer, la pandémie ayant fragilisé des clients et donc la fiabilité des créances sur lesquelles était bâti son modèle. A cela se sont ajoutés des doutes sur l’opacité de sa structure et des soupçons de fraude comptable.
Le gendarme financier britannique, la FCA (Financial Conduct Authority), a d’ailleurs révélé mardi dans une lettre adressée à la commission du Trésor avoir ouvert une enquête, estimant que certaines allégations sur les circonstances de la faillite étaient « potentiellement de nature criminelle ».
Lors d’une audition mercredi, Nihkil Rathi, directeur général de la FCA, s’est inquiété de la croissance des organisations financières non bancaires telles Greensill, non régulées comme le sont les banques, très surveillées depuis la crise financière de 2008.
« Nous faisons face à une rareté d’information » notamment en ce qui pourrait concerner le blanchiment d’argent, alors que les banques sont tenues à des normes déclaratives notamment, a-t-il relevé.
La branche opérationnelle de Greensill a déposé le bilan au Royaume-Uni en mars, tandis que la maison-mère enregistrée en Australie a été liquidée en avril.
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