Ce n’est pas vraiment ainsi qu’elle avait imaginé son année universitaire, mais Puk Willemoes fait bonne figure : « Nous sommes quinze dans le couloir de ma cité universitaire et nous avons pu nous confiner ensemble. C’est devenu ma seconde famille. Et puis ma chambre ne fait que neuf mètres carrés, alors j’ai un petit loyer. » Longs cheveux châtains et sourire facile, la jeune femme de 26 ans étudie l’anthropologie à l’université d’Aarhus, dans la province danoise du Jutland.
Depuis la mi-mars 2020, elle n’a quasiment pas mis les pieds à l’université en raison de la crise sanitaire. Son emploi, dans un grand magasin, a disparu. Financièrement, pourtant, elle ne s’en sort pas trop mal : « Je paie 2 700 couronnes [environ 360 euros] de loyer par mois. J’ai un peu d’argent de côté et je reçois 5 300 couronnes net d’allocations d’étude. Pour le moment, je n’ai pas eu besoin de prendre l’emprunt garanti par l’Etat. » Fixé à 3 200 couronnes par mois, son montant a été doublé au printemps 2020, pour venir en aide aux étudiants en difficulté.
71 % des élèves inscrits en collèges universitaires en Suède jugeaient que leur situation économique en 2020 était bonne
Au Danemark, le Statens Uddannelsesstotte (SU), le système de « soutien à l’éducation par l’Etat », établi en 1970, est une institution. Il fonctionne sous la forme de 72 « bons mensuels », à utiliser tout au long de la vie, sous la forme d’une allocation (environ deux tiers du montant) et d’un emprunt, qu’environ un tiers choisit de souscrire, à un taux de 4 % pendant les études, puis de 1 % ensuite, remboursable dans un délai de sept à quinze ans. « Les études sont considérées comme une forme d’emploi et donnent donc lieu à une rémunération », résume Eva Lykkegard, professeure associée à l’université d’Odense (Sud).
Outre la gratuité de l’enseignement supérieur, ce dispositif existe dans tous les pays nordiques depuis une cinquantaine d’années. Malgré des différences, ces systèmes ont un point commun : l’accès aux aides ne dépend pas du revenu des parents. Car, à la fin du lycée, « les jeunes sont considérés comme des adultes et quittent en général le domicile familial », précise Mathias Tolstrup Wester, consultant auprès de l’Institut d’évaluation du Danemark.
Isolement et cours à distance
Depuis l’irruption de la pandémie de Covid-19, ces systèmes d’aide financière ont permis aux étudiants des pays du nord de l’Europe d’éviter le pire. S’ils ont souffert de l’isolement et des cours à distance, l’impact sur leurs finances a été limité. Et ce n’est qu’à la marge que les gouvernements ont dû procéder à des ajustements pour compenser, par exemple, la perte de revenus de ceux qui avaient un emploi à côté de leurs études.
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