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En Roumanie, une des dernières forêts primaires d’Europe menacée par les coupes légales et illégales

La forêt de Bârnova, le 5 mai 2020. La forêt de Bârnova, le 5 mai 2020.

Aucune route, pas de camions, pas la trace d’une habitation. Au fin fond des Carpates roumaines, certains paysages n’ont été sculptés que par la pluie et n’ont jamais – ou quasiment – connu la main humaine. Réservoir de biodiversité incomparable, ces forêts primaires sont, pour certaines, âgées de dix mille ans. Ces espaces d’un autre temps accueillent en leur sein des espèces menacées d’extinction (ours, lynx, loups et plus récemment bisons, réintroduits en 2014).

Mais ce fragile écosystème est menacé depuis la chute du communisme, en 1989, qui a ouvert grand la porte aux entreprises commerciales sylvicoles. Nul besoin de se rendre en Amazonie ou à Bornéo pour observer des scènes de déforestation massive. Au sein même de l’Europe, un gigantesque trafic commercial se perpétue sur fond de corruption et menace les forêts primaires du pays.

Ikea, premier propriétaire privé de forêts en Roumanie

Sur les routes sinueuses de Transylvanie, les camions transportant des troncs sont légion. Avec une ou deux remorques pleines à craquer, ils circulent depuis les montagnes jusqu’aux scieries. Ce défilé journalier est la partie visible d’un gros marché estimé à 6 milliards d’euros annuels qui a débité 349 000 hectares de zones forestières entre 2001 et 2019 en Roumanie d’après les images satellites de Global Forest Watch.

Et ce rythme s’est accéléré : depuis 2014, chaque année, 38 millions de mètres cubes de bois sont coupés dans le pays d’après l’inventaire national. Pire, seulement la moitié de ce bois serait extraite légalement. Le reste a tout simplement… disparu.

Pour Gabriel Paun, fondateur de l’ONG de lutte contre la déforestation Agent Green, cette surconsommation est due aux besoins nationaux roumains (3,5 millions de foyers se chauffent au bois) et à l’industrie forestière, qui veut aussi vendre du bois pour le secteur de l’ameublement. Il tient les autorités roumaines pour responsables. « Les gouvernements n’ont pas su dire stop. Les compagnies de bois sont venues les unes après les autres sans régulation. Aujourd’hui, on se retrouve à importer du bois de Bulgarie pour se chauffer parce que notre production disparaît dans les exportations de meubles en kit. »

Parmi ces entreprises, souvent étrangères, on retrouve des noms familiers comme Ikea qui, au travers de sa filiale Ingka Investments, est désormais le plus grand propriétaire privé de forêts en Roumanie (50 000 hectares estimés).

1,5 % des forêts strictement protégées

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