Au lendemain de heurts sur l’esplanade des Mosquées dans la Ville sainte, la police israélienne a dispersé, samedi 8 mai au soir, avec un canon à eau putride des manifestants palestiniens lançant des pierres dans un quartier de Jérusalem-Est. Ces nouveaux affrontements ont fait 53 blessés, a déclaré à l’Agence France-Presse (AFP) un porte-parole du Croissant-Rouge palestinien, précisant que ces incidents étaient survenus dans les secteurs de Cheikh Jarrah, de la porte de Damas et de Bab al-Zahra.
Le Croissant-Rouge palestinien a précisé qu’au moins 17 personnes avaient été blessées par des impacts de balle en caoutchouc.
Sur l’esplanade des Mosquées, troisième lieu saint de l’islam, une foule de Palestiniens a prié en revanche dans le calme à la suite de l’iftar, le repas de rupture du jeûne pendant le ramadan.
Un bus arrêté
Dans le quartier de Cheikh Jarrah, théâtre de protestations quotidiennes depuis plusieurs jours contre la possible éviction de familles palestiniennes au profit de colons israéliens, des Palestiniens sont de nouveau descendus dans la rue et ont lancé des pierres en direction des forces israéliennes. Celles-ci ont déployé le « skunk », un canon à eau putride, afin de disperser les protestataires, selon un correspondant de l’AFP sur place.
La police israélienne a indiqué plus tôt dans la journée avoir limité l’accès à la Vieille ville de Jérusalem-Est pour empêcher les Palestiniens de « participer à des émeutes violentes ». Un bus venant du sud de Jérusalem a ainsi été stoppé et certains des passagers palestiniens ont été interpellés par la police, a constaté un journaliste de l’AFP.
« Ils veulent nous empêcher d’aller à Al-Aqsa [une mosquée sur l’esplanade] », a déclaré Ali al-Komani, 40 ans, un artisan se tenant près de l’entrée du lieu saint.
« Israël agit de manière responsable pour faire respecter l’ordre et la loi à Jérusalem tout en assurant la liberté de culte », a déclaré le premier ministre Benyamin Nétanyahou lors d’une réunion avec des responsables de la sécurité.
Plus de 200 blessés vendredi
Depuis des semaines, les tensions sont vives à Jérusalem mais aussi en Cisjordanie, autre territoire palestinien occupé par Israël, où les Palestiniens ont manifesté contre les restrictions d’accès imposées par Israël à certains secteurs durant le ramadan et la possible éviction de Palestiniens de Cheikh Jarrah.
Vendredi, de violents heurts ont opposé les fidèles palestiniens aux policiers israéliens entrés dans l’enceinte de l’esplanade des Mosquées.
Des images relayées sur les réseaux sociaux ont montré des policiers déferler sur le site et tirer des grenades assourdissantes dans les bâtiments, où des fidèles, dont des femmes et des enfants, priaient. Des policiers ont fermé les portes de la mosquée Al-Aqsa, bloquant des fidèles pendant une heure, a constaté un journaliste de l’AFP.
Selon la police israélienne, les fidèles ont lancé des bouteilles et autres projectiles en direction des policiers gardant les accès de l’esplanade qui ont riposté avec des grenades assourdissantes et des balles en caoutchouc.
D’après le Croissant-Rouge palestinien, au moins 205 Palestiniens ont été blessés, dont plus de 80 hospitalisés, en grande majorité sur l’esplanade des Mosquées. La police a fait état de 18 blessés dans ses rangs.
Des manifestations soutenues par le Hamas
Les affrontements sur l’esplanade étaient les plus violents depuis ceux de 2017, quand Israël avait décidé de placer des détecteurs de métaux à l’entrée du site, avant d’y renoncer.
Le Hamas, mouvement islamiste au pouvoir à Gaza, a appelé les Palestiniens à rester sur l’esplanade jusqu’à jeudi – jour devant marquer la fin du ramadan – et menacé Israël d’attaques si la Cour suprême validait, dans une décision attendue ce lundi, les évictions de Cheikh Jarrah.
Dans la bande de Gaza, près de la barrière séparant le territoire palestinien d’Israël, les soldats israéliens ont tiré des gaz lacrymogènes pour disperser des manifestants palestiniens.
Des ballons incendiaires ont en outre été tirés depuis Gaza vers le sud d’Israël mais sans faire de dégâts, selon les autorités israéliennes.
Des agissements condamnés par la communauté internationale
Après des accrochages entre manifestants palestiniens et policiers israéliens qui ont fait craindre une nouvelle escalade, les Etats-Unis, la Russie, l’Union européenne (UE) ont appelé à la retenue et à l’arrêt des violences.
Les Etats-Unis ont demandé aux « responsables israéliens et palestiniens d’agir pour mettre un terme à la violence ». Ils ont également exprimé leur inquiétude quant à « l’expulsion potentielle des familles palestiniennes de Cheikh Jarrah ».
Chef de file des monarchies arabes du Golfe, l’Arabie saoudite a dénoncé ces possibles expulsions. L’Iran, la Tunisie, le Pakistan ou encore l’Egypte ont condamné les agissements israéliens. Le président turc Recep Tayyip Erdogan a, lui, qualifié Israël d’Etat « terroriste cruel ».
Et la Jordanie, gardienne des lieux saints musulmans à Jérusalem-Est et pays voisin ayant signé la paix avec Israël, a dénoncé une « agression sauvage » contre les Palestiniens.
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