Dans le monde riche, les gens s’inquiètent de l’intrusion croissante des gouvernements dans leur vie privée. En revanche, les ressortissants des pays pauvres laissent peu de traces dans les registres officiels. C’est regrettable. Selon le dernier rapport de la Banque mondiale, sur le développement, le World Development Report, intitulé Data for Better Lives , environ 1 milliard d’êtres humains ne possèdent aucune preuve officielle de leur identité. Plus d’un quart des enfants de moins de 5 ans sur la planète ne sont pas enregistrés à leur naissance. La moitié des 29 pays les plus pauvres n’ont procédé à aucun recensement au cours des dix dernières années et seuls 40 % d’entre eux disposent d’au moins trois études sur la pauvreté pouvant être comparées dans le temps.
Christopher Yeh, de l’université Stanford, et ses collègues ont calculé qu’un ménage africain apparaîtra dans une étude représentative des niveaux de vie moins d’une fois tous les mille ans. Les gouvernements des pays émergents ne sont pas incités à recueillir des données, à bien les utiliser ou à autoriser d’autres personnes à mieux les exploiter. Et dans les pays qui manquent de protections contre un usage abusif, il est compréhensible que les fonctionnaires évitent de divulguer leurs chiffres. Obtenir des statistiques d’un Etat s’avère
Basculement culturel
Du coup, les auteurs du World Development Report appellent à un basculement culturel dans le mode d’utilisation des statistiques. Leur objectif est de promouvoir des « champions politiques » reconnaissant la valeur des données pour améliorer les politiques publiques.
Mais aussi de favoriser l’émergence d’une opinion et d’une presse formées à la compréhension des datas. Cet engagement politique générerait à son tour des incitations permettant aux fonctionnaires de faire un meilleur usage des chiffres à leur disposition. L’état d’esprit dans les ministères peut être aussi important que les moyens financiers d’un gouvernement.
D’après des indicateurs récents de la Banque mondiale, la performance statistique n’est que faiblement corrélée à la prospérité. Certains pays comme le Kirghizistan et le Mexique font beaucoup mieux que ce que l’on pourrait penser au vu de leur PIB par tête. Dans cette perspective, les données privées et les statistiques officielles sont des compléments, non des substituts, qui peuvent être utilisés à des fins aussi bien privées que publiques.
L’enquête Gallup World Poll, menée par un institut de sondage privé dans plus de 140 économies en est une bonne illustration. Tous les trois ans, des questions sur l’inclusion financière promue par la Banque mondiale y sont ajoutées.
Ce sondage a révélé que 1,7 milliard de personnes ne possédaient aucun compte bancaire en 2017. Ce qui représente à la fois une opportunité commerciale pour les établissements financiers et un problème pour les gouvernements.
]
L’article En finir avec le désert statistique des pays pauvres est apparu en premier sur zimo news.