France World

« La reconnaissance du génocide arménien par la présidence Biden est un acte politique et moral fort »

https://asset.lemde.fr/medias/img/social-network/default.png

Tribune. Par sa déclaration officielle du 24 avril, jour de commémoration du génocide des Arméniens, Joe Biden devient le premier président américain en fonctions à affirmer sans équivoque la réalité de ce génocide. C’est un acte fort, par lequel il rompt avec une longue tradition de refus de reconnaissance du génocide arménien par l’exécutif américain, essentiellement pour ménager la Turquie, alliée de l’OTAN, qui s’oppose fermement et de longue date à toute avancée dans ce domaine.

Ce faisant, Joe Biden se démarque de ses prédécesseurs dont la plupart, Barack Obama inclus, avaient promis de reconnaître le génocide durant leur campagne présidentielle et s’étaient refusés à le faire une fois élus, ne pouvant apparemment résister aux pressions de la Turquie et de ses nombreux relais à Washington.

Il faut donc prendre toute la mesure de cette décision du président américain qui fait intégrer pleinement aux Etats-Unis le camp des Etats et institutions internationales qui ont reconnu le génocide de 1915. Et correspond à un changement de paradigme majeur sur une question sensible.

Un changement de cap prévisible

Beaucoup d’observateurs s’attendaient à ce revirement. Au fil des décennies, la ligne traditionnelle de l’exécutif américain était devenue de moins en moins tenable. Quasi inexistante dans les années 1970, lorsque cette position a été forgée essentiellement par le département d’Etat, la recherche universitaire sur le génocide arménien s’est considérablement développée ces dernières décennies, rendant incontestable le caractère génocidaire des massacres de 1915-1917.

Dans le même temps, le Congrès, sur l’impulsion de la communauté arméno-américaine, a pris position à de nombreuses reprises sur la question, dont à la fin de l’année 2019 par le vote par les deux chambres d’une résolution reconnaissant le génocide. Joe Biden a lui-même participé à cette dynamique au Congrès quand il était sénateur (de 1973 à 2009) en soutenant de nombreuses résolutions portant sur la question.

Considéré comme proche des Arméno-Américains, il s’est également engagé durant la campagne présidentielle de 2020 à reconnaître le génocide. Plus récemment, son secrétaire d’Etat, Antony Blinken a également laissé entendre qu’une reconnaissance dès avril était possible.

Un soulagement pour les Arméno-Américains

Enfin, ce qui laissait penser que la présidence américaine pouvait, en 2021, s’engager en ce sens tient au fait que les excès du régime turc de Recep Tayyip Erdogan sont de plus en plus mal perçus outre-Atlantique et que la Turquie apparaît de moins en moins comme un allié à ménager. Les relais et amis d’Ankara à Washington – qui traditionnellement se mobilisent dès qu’il est question de reconnaissance du génocide par les Etats-Unis – sont également de ce fait de moins en moins nombreux et puissants.

Il vous reste 42.44% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Source

L’article « La reconnaissance du génocide arménien par la présidence Biden est un acte politique et moral fort » est apparu en premier sur zimo news.