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La guerre russe en Ukraine fragilise les économies d’Asie centrale et du Caucase

Retour d’un migrant arrivé de Moscou à l’aéroport Manas, proche de Bichkek, capitale du Kirghizistan, le 29 mars.  VYACHESLAV OSELEDKO / AFP

Depuis le début de l’invasion russe en Ukraine, fin février, un nouveau circuit touristique a fait son apparition. Des agences de voyages vendent à leurs clients russes des séjours qui comprennent l’aller-retour à Tachkent, la capitale de l’Ouzbékistan, deux nuits d’hôtel, la visite dans une banque locale et la promesse d’une carte de crédit. Depuis que Visa et Mastercard ont cessé leurs opérations en Russie à la suite des sanctions occidentales, les Russes font du « tourisme bancaire ». Au Kazakhstan, les autorités ont annoncé, le 8 avril, que Russes et Biélorusses y avaient ouvert près de 12 000 comptes bancaires en l’espace de quelques semaines. En raison des liens linguistiques et historiques qui les unissent, les interdépendances entre la Russie et les économies voisines sont un atout et une faiblesse.

En l’occurrence, la contraction attendue de 11,2 % et de 45 % des économies russe et ukrainienne en 2022, selon les dernières prévisions de la Banque mondiale, va avoir des répercussions importantes. La guerre devrait coûter aux pays du Caucase du Sud et de l’Asie centrale respectivement 1,5 point et 2,3 points de croissance en 2022. Un choc économique qui varie en fonction des pays. Certains dépendent des transferts d’argent des migrants travaillant en Russie, comme le Kirghizistan et le Tadjikistan, les nations les plus pauvres de la région, pour lesquels ces revenus représentent, à eux seuls, 26 % et 16 % de leur PIB.

« Les travailleurs migrants en Russie s’inquiètent de la dévaluation du rouble qui diminue leurs revenus, explique Yulia Florinskaya, professeure à l’Académie russe d’économie nationale et d’administration publique (Ranepa) de Moscou. Ils doivent dépenser davantage en Russie, à cause de la hausse des prix, et envoient des montants bien plus faibles chez eux. » Les travailleurs migrants représentent de 5 % à 6 % de la population active russe. « Jusqu’à présent, il n’y a pas eu de départs massifs, constate Mme Florinskaya, mais il est possible qu’un exode notable commence à l’automne, lorsque la crise économique sera à son comble et que le travail saisonnier sera terminé. »

Quatre migrants sur cinq dans le pays sont originaires d’Ouzbékistan, du Kirghizistan
ou du Tadjikistan

Quatre migrants sur cinq dans le pays sont originaires d’Ouzbékistan, du Kirghizistan ou du Tadjikistan. « Or, un retour massif chez eux pourrait augmenter fortement le chômage, car ces économies peuvent difficilement absorber un afflux massif de travailleurs », estime Jules Hugot, économiste à la Banque asiatique de développement (BAD). Les pays qui dépendent du marché russe vont voir leur produit intérieur brut (PIB) chuter, à l’instar de la Géorgie, qui s’attend à une baisse de la fréquentation touristique et de ses exportations de vin. A l’inverse, les activités des entreprises ou des hommes d’affaires russes dans les pays voisins risquent d’être perturbées. C’est le cas de l’usine Rusal Armenal, en Arménie, une filiale du géant russe de l’aluminium Rusal, qui assure, à elle seule, la moitié des exportations du pays vers les Etats-Unis.

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