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Ces produits français exportés… puis réimportés

La forêt française est-elle en train de se faire piller par l’industrie chinoise qui nous revend, sous forme de parquets, les chênes qu’on abat chez nous? Le sujet a été largement évoqué lors des Assises de la forêt et du bois clôturées le 17 mars après quatre mois de travaux. Les chiffres sont accablants pour la filière. Le déficit de la balance commerciale du bois atteint 8 milliards d’euros, un record historique. La faute à la demande mondiale, très forte depuis quelques années, et aux propriétaires forestiers (des privés pour 75% de la forêt française) qui ont tendance à privilégier les acheteurs étrangers payant des prix de 30 à 40% plus élevés que leurs clients locaux.

Mais le chêne est l’arbre qui cache la forêt. Son prix n’avait pas augmenté durant des décennies, or depuis cinq ans la classe aisée chinoise affectionne les parquets en bois français et, plus récemment, le plan de relance américain – 2.000 dollars par foyer – a accéléré la construction de terrasses devant les maisons individuelles. Même engouement en Europe où le secteur du bâtiment utilise toujours plus de bois, jugé plus écolo que le béton. Le gouvernement a lancé un programme de 80 millions d’euros pour moderniser l’industrie de première et de deuxième transformation du bois et aider les scieries, majoritairement consacrées au chêne, à traiter les autres essences (hêtre, merisier, frêne…).

 

La patate s’enrichit ailleurs avant de revenir dans l’assiette

Une aberration économique! La France, deuxième producteur de pommes de terre en Europe, exporte pour plus de 500 millions d’euros de pommes de terre par an mais importe pour 132 millions d’euros de chips salées ou aromatisées. Alors que ce marché est l’un des plus dynamiques de l’alimentation grâce à des efforts soutenus d’innovation (chips à l’ancienne, arômes divers, bio…) et à l’engouement des consommateurs pour le grignotage à l’apéritif, l’industrie nationale est incapable de répondre à la demande. La transformation est faite en Espagne, aux Pays-Bas et au Royaume-Uni notamment, avec une pomme de terre qui n’est pas forcément produite en France.

C’est d’autant plus triste que si le processus industriel n’est pas des plus sophistiqués, il est très lucratif. La tonne de chips revient en France 23 fois plus chère que la tonne de pomme de terre brute exportée. Acteur passif de la géopolitique des tubercules, la France se fait confisquer cette plus-value et les emplois industriels qui vont avec. Elle ne retire même pas la plupart des profits générés par l’actuel boom des chips puisque les marques leaders qui déploient un marketing soutenu appartiennent à des groupes étrangers. Lay’s (PepsiCo) est américaine et Vico (Intersnack), fabriquée en France, est allemande.

Une fibre naturelle et locale à se réapproprier

Si vous appréciez les matières souples et légères et ce froissé si élégant du lin, sachez qu’il y a de grandes chances pour que votre vêtement, même fabriqué au Bangladesh ou en Inde, recourt à du lin cultivé en France. C’est peu connu mais l’Hexagone est le premier producteur mondial.

La plante raffole du climat de la Normandie et des Hauts-de-France, notamment pour la phase clé du « rouissage » qui consiste, après arrachage, à laisser ses tiges au sol afin que les intempéries cassent naturellement la fibre. Avec la Belgique et les Pays-Bas, la France produit 75% du lin mondial depuis l’époque de Charlemagne, qui avait favorisé cette plante également utilisée pour l’alimentation humaine et animale. Alors que la transformation a quitté le territoire avec la crise du textile au siècle dernier, les agriculteurs ont toujours continué à produire un lin qui ne manque pas de débouchés. La coopérative agricole normande NatUp, qui regroupe 7.000 adhérents, a décidé d’investir 4,4 millions d’euros pour recréer une filière locale, en achetant des machines à filer et à tisser chinoises. Baptisée la French Filature, l’usine de 29 salariés fonctionne depuis la fin février dans l’Eure et produit un tissu en lin fin. Un choix pertinent, au moment où les consommateurs sont de plus en plus nombreux à rejeter la fast fashion , qui produit des vêtements importés et de piètre qualité.

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