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ambiance indescriptible, folie médiatique, tournoi unique… ils nous racontent leur Final 4

Chaque année, le Final 4 de la NCAA, le championnat universitaire américain de basket, passionne les Etats-Unis. Le rendez-vous, organisé dans des immenses stades de football devant une foule d’étudiants déchaînés, est encore plus suivi que les Finales NBA à la télévision et a presque la même place que le Superbowl de NFL dans le cœur des habitants du pays de l’oncle Sam. Avant l’édition 2022, qui débute dans la nuit de samedi à dimanche, quatre joueurs, une joueuse et un coach ont raconté à RMC Sport leurs souvenirs de cet événement unique.

Le casting:

– Bria Hartley (Final 4 2011, 2012 2013 et 2014 avec UConn, vainqueure en 2013 et 2014 / actuelle joueuse de Fenerbahçe et de l’équipe de France)
– Crawford Palmer (Final 4 1989, 1990 et 1991 avec Duke, vainqueur en 1991 / médaillé d’argent aux JO 2000 avec la France et actuel directeur sportif du CSP Limoges)
– Will Yeguete (Final Four 2014 avec Florida / vainqueur de l’Eurocup 2021 avec Monaco, champion de France 2018 avec Le Mans)
– Maxime Lefèvre (Final 4 2019 dans le staff de Texas Tech / actuellement dans le staff des Minnesota Timberwolves en NBA)
– Ryan Boatright (vainqueur Final 4 2014 avec UConn / actuel joueur de Paris)
– Kennedy Meeks (Final Four avec North Carolina en 2016 et 2017, vainqueur en 2017 / actuel joueur de Cholet)

Une ambiance indescriptible

Lefèvre: « C’est super impressionnant quand on rentre dans le stade. Le parquet a l’air si petit… On dirait un peu une pièce de théâtre. Autour de tout ça, il y a énormément de fans en ville. Quand on sortait de notre hôtel, il y avait 2 000 ou 3 000 personnes qui nous attendaient. »

Boatright: « C’était fou! On a joué dans le stade des Dallas Cowboys (l’AT&T Stadium, 80 000 places) qui a coûté des millions de dollars. On ne joue jamais dans ce genre d’endroit… »

Palmer: « Cette ambiance du Final 4 est une des raisons qui a fait que je n’ai jamais été intimidé au cours de ma carrière, même pour de très grosses rencontres d’Euroligue ou à Bercy. »

« J’ai vu 10 000 personnes assister à un entraînement ! Ce qui est fou, c’est qu’ils viennent voir des gamins de 18 à 22 ans qui ne sont même pas professionnels”

Hartley: “Le public s’intéresse aussi au basket féminin. Les salles dans lesquelles on joue sont presque toujours pleines. On ne jouait pas dans des immenses stades de football américain, mais on jouait quand même dans des salles NBA. Lors de ma première année, le Final 4 avait lieu à Indianapolis, dans la salle des Pacers et c’était quasiment rempli.”

Yeguete: “Ce qui est beau, c’est qu’il n’y a pas seulement les étudiants actuels. Les anciens joueurs passés par l’école passent te voir jouer, il y a toutes les générations qui viennent te supporter! Tout ça pour regarder des jeunes jouer un match couperet.”

Palmer: « Tous les étudiants sont là. Certains dorment même dehors avant les rencontres pour être bien placés. Pendant le match, le public ne s’assoit jamais, tout le monde est debout. Ça me fait penser à un All Star week-end, c’est une grande fête. J’ai vu 10 000 personnes assister à un entraînement ! Ce qui est fou, c’est qu’ils viennent voir des gamins de 18 à 22 ans qui ne sont même pas professionnels. »

Boatright: « C’est incroyable que les équipes masculines et féminines gagnent la même année. Le Connecticut était devenu le paradis du basket. À notre retour sur le campus, c’était la folie. Les gens retournaient les voitures, faisaient brûler des trucs. C’était complètement dingue. On faisait la fête tous les jours, je n’ai pas dormi pendant deux semaines. »

Hartley: (victorieuse la même année que Boatright avec la même fac): « Lorsqu’on est rentrés sur le campus, on est arrivés au milieu des étudiants qui nous félicitaient. C’était vraiment sympa. Il y avait plusieurs fêtes sur le campus et tout le monde en profitait. Même les professeurs nous félicitaient ! »

Hartley et Boatright avec Obama après leur sacre en 2014 © AFP

Un engouement médiatique hors norme

Meeks: « Aux Etats-Unis, le Final 4 de la March Madness est l’un des plus gros événements ! Je pense que c’est le deuxième plus gros après le SuperBowl. Tout le monde regarde les matchs. On ressent énormément de pression. »

“Il n’y a pas beaucoup d’autres événements sportifs dans le monde qui ont une couverture médiatique aussi importante, si ce n’est le Superbowl. Et encore… »

Yeguete: « On se voit partout à la télé, on fait plein d’interviews… Mais il faut faire la part des choses et se concentrer pour les matchs. Les Américains ne parlent que de ça. Tout s’arrête pendant le mois de mars, surtout pour le Final 4. De mémoire, ça passe sur l’équivalent de TF1 aux Etats-Unis, tout le monde y a accès. Les gens se réunissent dans des bars ou devant des écrans géants pour regarder, un peu comme la Coupe du monde chez nous. »

Lefèvre: « Il n’y a pas beaucoup d’autres événements sportifs dans le monde qui ont une couverture médiatique aussi importante, si ce n’est le Superbowl. Et encore… Le match passe sur CBS, une chaîne gratuite, que tout le monde a. Ça peut être difficile de garder les joueurs concentrés mais il ne faut pas complètement les couper du monde. Il faut qu’ils puissent en profiter. »

Palmer: « C’est un événement qui implique autant les Américains que le Super Bowl, ça attire tous les regards, c’est un déluge médiatique. Même si tu suis le basket ou le sport de loin, tu es obligé de savoir qu’il y a le Final 4. Ça passionne les gens, car il y a toutes les histoires qu’on raconte autour, les surprises, les petites équipes… »

Lefèvre: « Professionnellement, ça donne aussi de la visibilité, ça aide à être connu. C’est comme ça que j’ai pu aller en NBA. Quand votre CV arrive et qu’il y marqué Texas Tech dessus deux ou trois semaines après avoir participé au Final 4, ça reste dans la tête des dirigeants. »

Un tournoi unique

Meeks: « J’en rêvais lorsque j’étais enfant, je rêvais aussi de jouer pour l’équipe de mon état d’origine. À chaque match à domicile ma famille venait me voir jouer, ça n’aurait pas été pareil si j’avais gagné avec une autre équipe. C’était d’autant plus puissant de gagner après avoir perdu au buzzer l’année d’avant. On avait perdu de la pire des manières. À North Carolina, l’objectif est toujours de remporter le championnat. On ne voulait surtout pas perdre une deuxième fois. »

Kennedy Meeks © AFP

Boatright: « Participer à la March Madness était un rêve d’enfant. Quand tu es enfant aux Etats-Unis et que tu aimes le basket, tu regardes le basket universitaire avant de regarder la NBA. En NBA, les mecs ne jouent pas à 100% avant que les playoffs n’arrivent. Mais dans le basket universitaire, une défaite et tu rentres à la maison. Chaque match, chaque possession sont importants. »

Hartley: « Quand tu es un adolescent aux Etats-Unis, tu veux jouer pour les meilleures universités et aller au Final 4. »

Palmer: « Après une défaite, j’ai pleuré pour la première fois de ma carrière. C’est humiliant, car tu sais que tous les Etats-Unis te regardent, c’est une expérience traumatisante. »

« En NCAA tu es avec tes potes, tu prends plaisir à jouer ensemble mais aussi à grandir ensemble »

Lefèvre: « On était à 15 secondes d’être champions. Je n’ai toujours pas regardé ce match, je ne sais pas si je le regarderai un jour. Malgré tout, ce sont de très bons souvenirs qu’on garde pour le reste de notre vie. C’est une expérience unique. »

Hartley: « Je regardais le basket féminin en grandissant donc la March Madness féminine a une grande importance pour moi. Je suis une femme qui joue au basket donc je vais toujours y accorder une grande importance. C’est le plus grand tournoi féminin de basket pour les étudiantes. »

Yeguete: « Lorsque tu es professionnel, chaque année tu as une nouvelle équipe avec des nouveaux partenaires… C’est vraiment business, alors qu’en NCAA tu es avec tes potes, tu prends plaisir à jouer ensemble mais aussi à grandir ensemble. »

Will Yeguete avec les Florida Gators © AFP

Une place à part dans leur carrière

Boatright: « C’est sans aucun doute le meilleur souvenir de ma carrière. Des millions de personnes jouent au basket, il y a énormément de joueurs qui vont en NBA mais tout le monde ne peut pas dire qu’il a remporté le championnat universitaire. C’est un souvenir incroyable pour moi et pour ma famille. Mes parents, mes grands-parents, mes frères et sœurs … Ils étaient une vingtaine à Dallas. »

Meeks: « Notre victoire en 2017, c’est mon plus beau souvenir. Ça représente tout pour moi. »

« Dire que c’est fort, ce n’est pas assez fort. Je garderai ce souvenir toute ma vie »

Lefèvre: « Pour l’instant, c’est le meilleur moment de ma carrière, et de loin. C’est une expérience unique. Avec le coach principal, on a commencé ensemble en deuxième division et ce Final 4 représentait un peu une apogée. En termes de souvenir, c’est le numéro un. »

Hartley: « Je ne sais pas si c’est le meilleur souvenir de ma carrière … C’est évidemment quelque chose de spécial mais lorsque tu deviens professionnelle c’est différent. J’ai joué les finales de la WNBA cette année, j’ai joué avec l’équipe de France et on s’est qualifiées pour les Jeux olympiques. Il y a aussi ce match face à la Belgique à l’Euro 2019. Je ne pourrais pas classer ces moments. »

Yeguete: « Ce qui m’embête, c’est qu’on n’a pas gagné… Mais c’est dans mon top 3 car je l’ai fait avec mes potes, des personnes avec qui j’ai grandi. C’est vraiment une apogée dans ma carrière. Comme je suis un gagnant, je mets l’Eurocup gagnée avec Monaco et le championnat de France avec Le Mans devant. Si je vais au bout avec les Gators, je pense que c’était top 1… »

Palmer: « C’est un souvenir moins fort que la médaille d’argent aux JO, car j’ai joué un rôle plus important avec la France à Sydney en 2000. Mais le titre de 1991 est juste derrière. Dire que c’est fort, ce n’est pas assez fort. Je garderai ce souvenir toute ma vie, j’ai toujours ma bague de champion. Ça me fait plaisir de me replonger dans ces souvenirs, ça fait très longtemps… »

Le Final 4 2022
Organisé au Superdome de la Nouvelle Orléans (75 000 places)
Demi-finales (dans la nuit de samedi à dimanche à partir de 00h): Kansas-Villanova puis Duke-North Carolina
Finale dans la nuit de lundi à mardi à partir de 03h20

Cyril Camacho et Félix Gabory

Source

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