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Quand le numérique dérègle le climat

Publié le : 20/03/2022 – 01:04

La parution du dernier rapport du Giec sur le climat indique clairement que le numérique est en passe de devenir l’un des secteurs industriels figurant parmi les plus polluants. Et selon une étude du MIT, entraîner un programme d’intelligence artificielle émettrait ainsi autant de CO2 que l’utilisation continue de cinq voitures pendant toute leur durée de vie.

Notre boulimie de données et de Web mal maîtrisé participe de plus en plus aux émissions carbone dans le monde. En cause, les objets que nous utilisons au quotidien, comme les ordinateurs et les smartphones, mais aussi les télés connectées. Même constat du côté de l’informatique dématérialisée, dite en nuage, déployée ces dernières années dans les fermes de serveurs, qui ont largement densifié le trafic des données sur les réseaux. Mais un nouveau sujet préoccupe les climatologues : celui de l’adoption massive par les grandes entreprises des programmes d’intelligence artificielle employés pour traiter le flux constant de milliards d’informations qui transitent par l’Internet. L’électricité nécessaire à cette puissance de calcul est produite en grande majorité par des centrales brûlant des énergies fossiles. Préserver les avantages qu’apportent les technologies tout en limitant leurs impacts environnementaux est possible, nous précise Mehdi Chouiten, cofondateur de Datategy, une plateforme en ligne qui s’est spécialisée dans la gestion « écologique » de ces programmes IA.

« L’idée n’est pas de supprimer aujourd’hui toutes nos activités numériques évidemment, et personne ne milite actuellement dans ce sens. En revanche, nous devons prendre conscience du problème et sensibiliser à la fois les utilisateurs finaux des technologies, mais aussi les ingénieurs qui ont conçu les plateformes web, les centres de données et les systèmes utilisant des programmes d’intelligence artificielle. La consommation d’énergie de la mise en service et de l’entraînement d’un seul algorithme spécialisé, par exemple, dans le traitement du langage naturel sur un serveur informatique (comme ceux qui pilotent à distance nos enceintes connectées, ndlr) génère en permanence autant d’émissions carbone que cinq voitures roulant toute leur vie. Mais petite subtilité, quand on allume le moteur de son véhicule, nous pouvons constater directement ces émissions polluantes qui sortent du pot d’échappement, alors que quand vous cliquez sur le bouton dans une page web, c’est totalement invisible et génèrera en définitive plus d’émissions de CO2 que bien d’autres usages de la vie courante, que nous considérons pourtant comme particulièrement polluants. Chez Datategy, nous avons mis en place une plateforme en ligne de gestion des IA pour les entreprises qui permet de réaliser des arbitrages, entre le stockage, le temps de calcul et l’accessibilité des données afin de rationaliser le déploiement de ces programmes d’intelligence artificielle. Notre objectif est que les entreprises utilisent ces technologies de façon raisonnée, en pleine conscience de leur impact environnemental et avec des logiciels écoconçus. »

Cette culture de la sobriété numérique, qui se met doucement en place dans les entreprises, se situe aux antipodes de l’usage personnel en constante augmentation que nous faisons de nos appareils électroniques. Alors que le numérique représente aujourd’hui 4% des émissions de gaz à effet de serre dans le monde, certaines études indiquent que ce chiffre risque de doubler d’ici à 2025 si nous ne maîtrisons pas, dès maintenant, notre consommation effrénée de données.

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